Emmanuel Macron offre-t-il une nouvelle victoire idéologique à l’extrême droite ? Car non content de tenir des propos transphobes, le Président élu deux fois face au RN grâce au front républicain et aux voix de gauche a, mardi 18 juin dans la soirée en déplacement à l’île de Sein, dénoncé le Nouveau Front populaire qui proposerait «un programme totalement immigrationniste».
«Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, le Président reprend leurs concepts. La déchéance est totale», a répliqué le socialiste Arthur Delaporte, renvoyant vers la définition d’«immigrationnisme», «néologisme apparu dans les milieux politiques français d’extrême droite».
Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, le président reprend leurs concepts. La déchéance est totale. https://t.co/kHu4RwZ1bV pic.twitter.com/880pDSsaDa
— Arthur Delaporte (@ArthurDelaporte) June 18, 2024
«Un barrage… toutes vannes ouvertes. Les mots finissent par manquer devant tant d’inconséquence et de cynisme», a renchéri le Premier secrétaire du PS Olivier Faure. «Que se passe-t-il ? Est-il toujours dans la réalité ? Il veut couper les routes de la résistance au RN au deuxième tour ? Alerte», a réagi de son côté le patron de LFI Jean-Luc Mélenchon tandis que l’initiateur du Nouveau Front populaire, François Ruffin, a asséné : «Macron a choisi son camp. Pour lui, mieux vaut le national autoritaire que le Front populaire.»
«Le Président poursuit la stratégie mise en œuvre avec la loi Immigration et qui a mis le RN aux portes du pouvoir. Cynique et irresponsable», a cinglé Dominique Sopo, président de SOS Racisme.
Témoignages
«Le terme “immigrationniste” est central dans le discours du RN et de R !, plutôt émergent à LR, et est désormais validé par le Président supposément centriste de la République», a jugé le doctorant et enseignant à Sciences-Po, spécialiste de la droite, Emilien Houard-Vial.
«Ce n’est pas la première fois que le président de la République emprunte au lexique de l’extrême droite, à ses idées et ses représentations», a de son côté rappelé ce mercredi matin sur France Inter Benoit Hamon, ex-candidat PS à la présidentielle.
«Décivilisation»
En mai 2023, après plusieurs faits divers, le président de la République avait dénoncé, devant ses ministres, un «processus de décivilisation» qui serait à l’œuvre, selon lui, dans la société. «Emmanuel Macron vient une fois de plus nous donner raison sur le constat que nous faisons», s’était alors réjouie Marine Le Pen. Une version présidentielle du supposé «ensauvagement» constaté de longue date par son ministre de l’Intérieur.
Ce même Gérald Darmanin est d’ailleurs venu en renfort du chef de l’Etat ce mercredi matin, en soulignant qu’il «a raison de souligner le côté anti-national de La France insoumise». Le programme du Nouveau Front populaire en cas de victoire aux législatives le 7 juillet au soir prévoit en effet d’abroger notamment la loi asile et immigration, celle que Marine Le Pen avait chaudement saluée après son adoption par la majorité macroniste. «Je ne vois pas comment demain les élus de la majorité, président de la République en tête, pourront venir nous reprocher de défendre la priorité nationale, puisqu’ils intègrent l’idée qu’elle peut être appliquée», anticipait la patronne du parti d’extrême droite en décembre dernier. En effet, ils ne le font pas.