A la veille d’un jugement qui pourrait faire basculer sa carrière, Marine Le Pen semble toujours équipée d’œillères bien opaques. «Je lis ici et là que nous serions fébriles. Personnellement, je ne le suis pas», assure la cheffe des députés du Rassemblement dans la Tribune Dimanche ce 30 mars. Elle risque pourtant une peine d’inéligibilité dans le dossier des assistants parlementaires d’eurodéputés, qui pourrait l’empêcher de se présenter à la présidentielle 2027. Alors la patronne du parti d’extrême droite ne manque pas d’adresser une pique aux juges, qui ont, selon elle, «le droit de vie ou de mort» sur le RN, mais dit «ne pas croire qu’ils iront jusque là».
Décryptage
De leur côté, les chefs des Partis socialiste et communiste ont estimé samedi que Marine Le Pen ne devait pas bénéficier d’un traitement spécial face à la loi. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, était interrogé sur LCI pour savoir s’il serait «mal à l’aise» face à une décision prononcée avec exécution provisoire qui la priverait d’une quatrième élection présidentielle ?
«Je ne comprends pas pourquoi on a cette espèce de regard particulier pour Marine Le Pen, alors que quand vous avez quelqu’un qui vole une voiture, qui vole une mobylette, qui agresse quelqu’un, il n’y a aucune forme de tremblement au moment où la décision va être prise», a-t-il souligné. «Vous pensez que quand quelqu’un désormais vole une voiture et qu’il se déclare candidat à la présidentielle, on devra aussi l’exempter de sa peine ?»
«La loi s’applique à Marine Le Pen comme à moi, comme à toutes celles et ceux qui font de la politique et qui ne sont pas au-dessus des lois», a ajouté le patron des socialistes, précisant qu’il «respecterai [t] évidemment la décision de justice, quelle qu’elle soit».
«Quelque chose de Trump»
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a lui aussi été interrogé sur la question. «Je ne vois pas pourquoi madame Le Pen devrait bénéficier d’une exemption à la loi», a-t-il estimé sur Ouest-France. «Et je ne dirai pas que c’est un acte antidémocratique. Cette manière de penser a quelque chose de Trump, dont nous devons nous garder», a-t-il estimé.
Le tribunal correctionnel de Paris doit se prononcer lundi sur le sort de Marine Le Pen. L’accusation a requis contre elle une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire - s’appliquant immédiatement, même en cas d’appel. Si la demande de peine d’inéligibilité réclamée par le parquet était attendue, car obligatoire en cas de condamnation pour détournement de fonds publics, celle d’exécution immédiate l’était beaucoup moins.