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Justice

Interpellé en flagrant délit d’achat de drogue, le député LFI Andy Kerbrat admet «des problèmes personnels»

L’élu insoumis a été surpris par la police en train d’acheter des produits de synthèse jeudi soir dans une station de métro du XVIIIe arrondissement de Paris. Il reconnaît les faits et affirme vouloir se soigner de son addiction.
Andy Kerbrat en conférence de presse à l'Assemblée nationale, le 4 octobre 2023. (Xose Bouzas/Hans Lucas)
publié le 22 octobre 2024 à 8h43

Le député La France Insoumise de Loire-Atlantique Andy Kerbrat a été surpris en train d’acheter de la drogue jeudi 17 octobre dans une station de métro du XVIIIe arrondissement de Paris. L’élu a reconnu les faits et présenté ses excuses, assurant vouloir se soigner, dans un communiqué de presse publié sur X dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 octobre.

Les policiers ont découvert sur l’élu 1,35 gramme de 3MMC, une drogue de synthèse aussi baptisée nouvelle cocaïne, dont les effets recherchés sont généralement «l’euphorie, la stimulation et la libido», selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives. Une substance en plein essor en France, notamment dans les milieux festifs, prise comme une cocaïne à moitié prix.

Andy Kerbrat n’a pas été mis en garde en vue, mais entendu le lendemain au commissariat en audition libre. «J’assume entièrement ma responsabilité», a déclaré le député, se disant «à la disposition de la justice» «dans le cadre d’une ordonnance pénale», une procédure simplifiée qui est utilisée pour les affaires simples et de faible gravité. Elle permet de juger le prévenu rapidement, sans audience devant un tribunal. Le vendeur, mineur, a été placé en détention provisoire dans l’attente d’une audience unique au tribunal pour enfants. Selon le parquet, il est «déjà connu pour une dizaine de faits et condamné début octobre pour des faits de trafic de stupéfiants à une peine de quatre mois avec sursis probatoire, sous le coup duquel il se trouvait donc» lors du contrôle.

«Face à des problèmes personnels et des fragilités psychologiques, j’ai pu consommer des drogues de synthèse et suis pleinement conscient de leurs effets sur la santé et notamment sur la mienne. Au-delà de ma personne, l’addiction est un problème de santé publique et doit être traitée comme tel», a écrit le député est connu pour avoir publiquement mentionné avoir été victime d’un prédateur sexuel lorsqu’il était enfant. Il a ajouté qu’il «se battra contre son addiction» et va «suivre un protocole de soins» afin de pouvoir reprendre son activité parlementaire.

Soutien de la gauche

«Il n’est pas tolérable de voir un député de la République acheter des drogues de synthèse à un dealer de rue. Un député a un devoir d’exemplarité. Andy Kerbrat doit tirer les conséquences de ses actes», a fustigé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur son compte X.

A l’inverse, plusieurs personnalités de gauche ont apporté leur soutien au député âgé de 34 ans, comme sa collègue écologiste Sandrine Rousseau. «Tu as reconnu, tu es dans un parcours de soin, reviens-nous en forme», a-t-elle écrit sur le même réseau social. La députée de Paris rappelle que «la consommation de drogue et l’addiction sont un enjeu de soin, de santé psychique et d’accompagnement». Même son de cloche du côté de la présidente des députés insoumis : «l’addiction est un problème de santé», a affirmé Mathilde Panot.

La sénatrice écologiste Mélanie Vogel, elle, souhaite «bon courage dans le chemin de soin» emprunté par Andy Kerbrat et regrette que la politique française soit «focalisée sur la répression plutôt que sur l’essentiel : le soin». De son côté, le médecin et sénateur socialiste de Paris Bernard Jomier rappelle que «les addictions touchent toute la société, parlementaires et ministres inclus».

Dans son communiqué, Andy Kerbrat s’excuse également envers ses électeurs, son groupe parlementaire et, plus largement, auprès de tous les militants insoumis et du Nouveau Front populaire. L’information de son interpellation ayant été révélée par le journal Valeurs actuelles, l’élu de gauche pointe enfin «la porosité entre des sources policières et les médias d’extrême droite».

Mise à jour : à 13 h 07 avec les réactions politiques.