Déjà très inflammable, le débat sur le conflit entre le Hamas et Israël, prévu à dans l’après-midi ce lundi 23 octobre à l’Assemblée, sera d’autant plus explosif que le voyage de la présidente de la Chambre basse, Yaël Braun-Pivet, dimanche en Israël a provoqué une nouvelle polémique. Depuis Tel-Aviv, où la titulaire du perchoir était avec Eric Ciotti (LR) et le député des Français de l’étranger (et proche de Benyamin Nétanyahou) Meyer Habib, Braun-Pivet a déclaré : «La France soutient pleinement Israël, seule démocratie du Moyen-Orient, démocratie qui a été attaquée d’une façon terrible. Donc il ne faut pas se tromper, ni de combat ni de mots.» Avant de poursuivre : «Ce qui important c’est que les populations civiles qui se trouvent à Gaza soient le moins possible victimes de ce conflit. Mais on sait aussi qu’elles servent souvent de bouclier humain. Il faut les préserver bien sûr, mais rien ne doit empêcher Israël de se défendre. […] Il y a un attaquant et des attaqués.»
Ce voyage et ces déclarations ont été vivement fustigés à gauche. Sur Twitter (aujourd’hui X), Jean-Luc Mélenchon a accusé Braun-Pivet de «camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre» à Gaza, quand Manuel Bompard a parlé plus sobrement de «faute politique». «Pas au nom du peuple français !», a protesté le leader de LFI en postant une vidéo de la manifestation parisienne en soutien à la Palestine. Des termes qui ont à leur tour immédiatement provoqué la controverse, les ministres Marc Fesneau (Agriculture) et Olivier Dussopt (Travail) évoquant à l’unisson «un tweet de la honte». «Attiser l’antisémitisme en choisissant précisément des propos haineux. Mélenchon, l’outrance en permanence», a fustigé la ministre déléguée Bérangère Couillard (Transition écologique).
Réactions au sein de la Nupes
Le malaise a également gagné les rangs socialistes alors que les tensions semblent se multiplier de manière exponentielle au sein de la Nupes, la députée socialiste Valérie Rabault ciblant des «accusations […] abjectes». «J’espère que les dirigeants de LFI se désolidariseront de ces propos abjects. Ce n’est pas un gentil moratoire qu’il faut : c’est un cordon sanitaire politique», a réclamé le rose anti-Nupes Nicolas Mayer-Rossignol, reprenant la terminologie d’un certain… Manuel Valls. Réagissant sur France Inter aux attaques de Mélenchon, Braun-Pivet s’est dite «très choquée», regrettant d’avoir «une nouvelle cible dans le dos» et lançant à son tour une lourde accusation : «Connaissant Jean-Luc Mélenchon, le mot “camper” n’a pas été choisi au hasard» – sous-entendant qu’il serait une référence aux camps de concentration.
L’intéressé s’en est aussitôt défendu sur X : «[Yaël Braun-PIvet] attribue au mot ‘camper’ un contenu antisémite. Cette absurde police des mots est une pitoyable diversion pour détourner l’attention de sa grave faute politique», a dénoncé l’insoumis.
Quant à ses propres mots vis-à-vis d’Israël, la présidente de l’Assemblée a estimé avoir porté «une voix équilibrée», insistant sur le fait qu’elle soutient une solution à deux Etats et que son «soutien inconditionnel à Israël» n’est pas un «soutien inconditionnel au gouvernement d’Israël».