Le canapé de Jacques Attali est un baromètre politique. En y posant ses fesses, on entre sinon dans le classement des personnalités politiques préférées des Français, du moins dans la liste de ceux qui peuvent s’imaginer un destin. C’est lui qui a repéré François Hollande et Ségolène Royal, embarqués dans la campagne de François Mitterrand, qu’il a conseillé pendant des années. Lui aussi, qui a déniché Laurent Fabius. Et c’est sur ses coussins, qu’il montre du regard, qu’il a présenté en 2010 un jeune énarque, appelé Emmanuel Macron, à celui qui deviendra le deuxième président socialiste élu avec son aide. «J’ai dit à François de prendre dans sa campagne ce jeune homme incroyable, clairement de gauche, qui avait une maîtrise technique exceptionnelle», raconte celui qui soutiendra le candidat En marche, sept ans plus tard.
Mais, ces derniers temps, c’est à nouveau la gauche qui défile dans son bureau. Jacques Attali y raconte à qui vient le voir sa déception face au bilan du macronisme. «Il aurait pu faire beaucoup plus, dans l’éducation, la santé, le monde du travail, la restructuration des collectivités territoriales, la jeunesse, le climat, la justice fiscale… liste-t-il. Dix millions de pauvres dans ce pays, ce n’est pas acceptable.» En mars, dans les pages de