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Le billet de Thomas Legrand

Jacques Delors, lui qui croyait au ciel chez ceux qui n’y croyaient pas

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Grande figure de la gauche, l’ancien président de la Commission européenne et ancien ministre de François Mitterrand, décédé mercredi, incarnait une éthique ancrée notamment dans le catholicisme de gauche.
Jacques Delors, lors d'une visite d'Etat à Jérusalem, en mars 1982. (Gabriel Duval/AFP)
publié le 28 décembre 2023 à 9h11

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Il y a ces hommes et femmes politiques dont tout le monde loue les grandes capacités, la probité, l’humanisme, l’honnêteté et qui, donc, n’auront jamais été présidents : Pierre Mendès France, Michel Rocard, Simone Veil et Jacques Delors. Jacques Delors est celui qui l’a exprimé le plus clairement, en 1995, quand, après mûre réflexion, il a décidé de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, cet exercice de narcissisme par lequel on est obligé de tenir un discours pour se faire élire qui ne correspond pas à ce que l’on pense utile pour le pays.

Les vertus, les qualités intellectuelles et humaines, les valeurs et principes ne pouvaient pas se combiner avec le minimum de malhonnêteté intellectuelle que requiert cette véritable plaie institutionnelle : le mode d’élection présidentielle à la française, machine à fantasmes, procédé qui pousse les candidats à considérer et faire admettre que la solution n’est pas un programme délibéré et négocié, mais lui ou elle-même, son «équation personnelle». Cette idée abêtissante ne va pas avec la social-démocratie, qu