Quelques heures à peine après leur rencontre avec Emmanuel Macron pour discuter de la nomination du nouveau Premier ministre, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, et la candidate du Nouveau Front populaire Lucie Castets débarquaient vendredi à Montpellier (Hérault) pour les universités d’été des communistes. Certain de voir la directrice financière de la mairie de Paris accéder à Matignon ? Fabien Roussel ne préfère pas se prononcer, mais indique à Libération : «Nous lui avons demandé quand il nommerait un Premier ou une Première ministre, il a répondu mardi. On verra la semaine prochaine.»
«Il n’y a pas de plan B»
Dans l’imposant Palais des congrès, les militants trépignent de voir arriver le leader communiste et Lucie Castets, bientôt accueillis par un tonnerre d’applaudissements dans une salle comble. «Depuis deux mois c’est notre candidate […] pour diriger un gouvernement de gauche, écologiste et socialiste», rappelle Fabien Roussel sous les hourras du public. Avant de déplorer la position de Gabriel Attal et Laurent Wauquiez, qui promettent une motion de censure en cas de nomination d’un ministre insoumis. «Hier ils ont utilisé ça au motif que nous étions communistes. Aujourd’hui c’est à cause des insoumis. Demain ça sera les écologistes !» grince-t-il. Avant de conclure : «Il n’y a pas de plan B. Il n’y a qu’un plan C, c’est le plan Lucie Castets !»
«J’ai accepté une mission ambitieuse et audacieuse, commence timidement la candidate du NFP à Matignon. C’est pour vous et tous les militants et citoyens qui se sont mobilisés de façon exceptionnelle pour faire barrage au Rassemblement national.» Avant de revenir sur sa rencontre du matin avec le chef de l’Etat : «Macron a compris que les gens avaient besoin de changement. J’espère que nous pouvons lui faire confiance.» Vague de huées dans l’auditoire. Lucie Castets prend confiance au cours de l’exercice et insiste : «On a bien conscience qu’on a une majorité relative et qu’il faudra des compromis. C’est possible, notamment sur la question des services publics.»
«Le danger, c’est eux»
Pour ratisser large, la candidate du NFP à Matignon souhaite aussi se saisir de sujets qui échappent à la gauche depuis quelques années : «La gauche doit se réemparer de la question de la sécurité, entame-t-elle. Mais ne pas la prendre sous l’angle répressif. Il faut notamment mieux lutter contre la délinquance en col blanc.» Puis enchaîne sur un tacle au gouvernement, qui ne cesse d’émettre des doutes quant au financement du programme de Nouveau Front populaire. «La France est entrée pour la première fois dans un déficit excessif. […] Le gouvernement donne des leçons de crédibilité au NFP mais en réalité le danger c’est eux», s’exclame-t-elle sous les acclamations.
La salle est conquise. «Lucie Castets à Matignon», s’écrient les militants en chœur. A la sortie, les avis sont unanimes, à l’image d’Agnès, professeure des écoles de 58 ans : «Comme beaucoup de personnes, je ne la connaissais pas, mais je n’en pense que du bien. Elle cristallise à elle seule les volontés à gauche d’accéder au pouvoir et d’appliquer notre programme.» Noa Crette, étudiant et responsable départemental des Jeunesses communistes de Meurthe-et-Moselle, renchérit : «Elle a vraiment su se prêter à l’exercice et on a apprécié cet aspect.» Virginie Neumayer, technicienne à EDF, veut y croire, mais est quelque peu inquiète : «Je ne crois pas qu’une personne providentielle puisse changer les choses. Mais c’est une très bonne communicante, son intervention était très claire.» Et conclut : «Si Macron ne la nomme pas, une mobilisation de masse sera nécessaire.»