Peut-on accuser les autres des méthodes que l’on utilise soi-même ? Aussi dérangeant que cela puisse paraître, Jean-Luc Mélenchon le fait sans ciller. Régulièrement accusé de tordre le bras à ses partenaires de gauche dans un perpétuel rapport de force, le boss de LFI accuse donc les socialistes, et Olivier Faure au premier chef, de «brutalité». Défense de rire.
Car à gauche, deux lignes s’affrontent depuis la chute de Michel Barnier. D’un côté, socialistes, écologistes et communistes appellent, à des degrés divers, à la discussion. De l’autre, LFI brandit la menace de l’explosion du NFP. «Nous refusons de gouverner avec ce bloc de droite à la dérive», a averti ce week-end le triple candidat à l’Elysée dans un entretien aux quotidiens italien La Repubblica et espagnol El Pais. Et il ne ménage pas ses attaques contre Faure. Il «ne décide pas tout seul», assène l’insoumis, fustigeant la démarche du Premier secrétaire rose, qui a rencontré vendredi Macron pour lui proposer des «concessions réciproques».
Analyse
«Nous avons été mis devant le fait accompli», déplore encore Mélenchon, dénonçant la «méthode extrêmement brutale» et «personnelle» d’un homme qui «veut être Premier ministre pour la gauche» alors que son parti, le PS, «a fait 1,67 %» en 2022. Le PS est «une sorte de petite IVe République installée avec son camping au milieu de la Ve», flingue-t-il, jugeant que l’idée que droite et gauche s’entendent est «dangereuse» car «elle produit des gouvernements prêts à vendre leur âme au diable pour durer». Et de conclure : «Nous refusons de trahir nos électeurs pour des postes. Nous appliquons notre programme sans compromission. La démocratie, ce n’est pas le consensus !»