Et si l’Hatikvah, l’hymne israélien, ne résonnait pas cet été à Paris pendant les Jeux Olympiques ? C’est en tout cas le souhait d’une trentaine de députés écologistes et insoumis dont François Ruffin. Dans un courrier adressé ce mardi 20 février au Comité international olympique (CIO), les parlementaires demandent que les athlètes israéliens participent sous bannière neutre aux JO cet été pour sanctionner «les crimes de guerre» selon eux commis par Israël à Gaza.
Dans leur missive envoyée au président du CIO, Thomas Bach, les députés réclament «d’appliquer à Israël, lors des prochains Jeux Olympiques, les mêmes sanctions qu’à la Russie et à la Biélorussie, tout en laissant ouverte la possibilité d’une levée de ces sanctions en cas de cessez-le-feu durable». Le comité a effectivement déjà acté que les athlètes russes et biélorusses concourraient sous bannière neutre à cause de l’invasion de l’Ukraine décidée par le Kremlin il y a deux ans. «Puisque cette décision a été prise par votre comité, nous nous adressons à vous au nom d’un autre principe, l’équité», écrivent-ils, comparant les pertes civiles en Ukraine et dans l’enclave palestinienne de Gaza.
Un «risque réel et imminent» de génocide
«En Ukraine, un bilan de l’ONU publié en novembre dernier faisait état de plus de 10 000 civils tués, parmi lesquels 560 enfants, en un peu moins de deux ans de conflit», rappellent-ils. «En comparaison, à Gaza, après quatre mois «seulement» de bombardements et d’intervention terrestre, le nombre de morts et disparus palestiniens avoisine les 40 000, essentiellement des civils parmi lesquels une majorité d’enfants et de femmes», poursuivent-ils. «La Cour internationale de justice alerte d’ailleurs sur la gravité des événements en cours à Gaza», évoquant, expliquent-ils, un «risque réel et imminent» de génocide.
Selon les signataires du courrier, «le doute n’est plus permis». «Les civils touchés à Gaza ne sont pas les «dommages collatéraux» d’une action défensive de la part d’un pays victime d’une attaque terroriste le 7 octobre dernier». La guerre a été déclenchée par cette attaque sans précédent du Hamas sur Israël où plus de 1 160 personnes ont été tuées, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. En représailles, l’armée israélienne a lancé une offensive qui a fait 29 195 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
En décembre dernier, le CIO a mis fin à neuf mois de suspense, en autorisant vendredi les sportifs russes et bélarusses à participer sous bannière neutre aux JO-2024 de Paris, sous strictes conditions. De quoi laisser présager une très mince délégation. Seuls seront concernés les sportifs «individuels neutres» qui ont pu franchir l’obstacle des qualifications, ne soutiennent pas activement la guerre en Ukraine, et ne sont sous contrat ni avec l’armée ni avec des agences de sécurité nationales.
Concrètement, le dispositif «bannière neutre» permet à des athlètes de participer aux olympiades même si leurs pays sont privés de compétition. Les symboles et les hymnes des pays bannis sont alors absents des compétitions. A la place, les sportifs en question concourent sous le drapeau olympique.