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Interview

«La Bretagne a un tissu associatif et culturel très fort qui participe à la marginalisation du vote d’extrême droite»

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La tradition démocrate chrétienne et l’ouverture sur le monde expliquent le déficit d’implantation du RN dans la région selon l’historien Christian Bougeard, qui observe toutefois un recul du barrage républicain.
A Rennes, le 27 janvier 2023, des groupes antifas manifestent contre l'installation de l'Oriflamme, groupuscule d'extrême droite. (Estelle Ruiz/Hans Lucas. AFP)
publié le 22 janvier 2024 à 19h10

Malgré une progression à la dernière présidentielle, le vote RN en Bretagne reste en deçà de ses niveaux nationaux. Christian Bougeard, professeur d’histoire contemporaine émérite à l’université de Brest, revient pour Libé sur les raisons de cette «breizhistance».

Comment expliquer la faiblesse historique du vote d’extrême droite en Bretagne ?

Il y a plusieurs facteurs. En premier lieu une imprégnation de la culture catholique, la Bretagne ayant longtemps été une région pratiquante et croyante. Les droites conservatrices traditionnelles ont joué un rôle très important de la IIIe aux débuts de la Ve République avec un gaullisme fort. On retrouve également une longue tradition démocrate chrétienne dont le Modem est aujourd’hui l’héritier. A cela s’en ajoute une autre, centriste et laïque, celle du Français libre René Pleven, forte personnalité politique des Côtes-d’Armor, plusieurs fois ministre. Cet encadrement par l’Eglise et les syndicats chrétiens, qui vont basculer à gauche dans les années 1960-1970, explique cette résistance bretonne au vote d’extrême droite. J’ajouterais que, contrairement à ce que l’on peut croire, la Bretagne est une région très ouverte sur le monde avec un tissu associatif et un monde culturel très forts, qui participent à la marginalisation du vote en faveur des partis d’extrême droite.

Est-ce toujours le cas ?

On trouve des noyaux de vote d’extrême droite dans ce qu’on appelle les régions de «tradition blanche», donc royalistes au