La mort d’Yvan Colonna après une violente agression en prison ne laisse pas le monde politique indifférent. Lundi soir, Gilles Simeoni, qui dirige le conseil exécutif de Corse, a été l’un des premiers à s’exprimer. «Yvan Colonna, patriote corse, bien vivant pour l’éternité ! Nous serons toujours à tes côtés», a-t-il écrit sur Twitter. Core in Fronte, le principal parti indépendantiste de l’île, a publié une photo du défunt en noir et blanc où n’apparaissent que ses yeux. Avec un message simple : «Mort pour la Corse.»
Trois fois condamné pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998, Yvan Colonna demeure l’une des figures tutélaires du nationalisme corse. A tel point que lors de l’annonce de sa brutale agression en prison le 2 mars, l’île s’était embrasée. Le gouvernement français plaide l’apaisement. Emmanuel Macron a appelé ce mardi midi «au calme et à la responsabilité», qualifiant la situation de «grave». «Un rapport a été demandé, des conséquences vont être tirées», a assuré le chef de l’Etat au micro de France Bleu. Avant de rappeler que «le plus important est que le calme se maintienne» sur l’île. Plus tôt dans la matinée, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a garanti que «toute la lumière sera faite sur l’enchaînement qui a conduit à cette situation qui n’est pas acceptable».
Les insoumis demandent une commission d’enquête
Une position similaire à de nombreux autres responsables politiques. «J’appelle au calme car les images que nous avons vues ces derniers jours sont terribles», a dit Yannick Jadot sur France Inter. Le candidat écologiste à l’élection présidentielle milite pour l’ouverture d’une «nouvelle relation entre la Corse et l’Etat français». «Il faut que le prochain quinquennat soit celui où l’on discute de cette autonomie de plein exercice de la Corse», a-t-il expliqué. La tonalité est la même pour le prétendant communiste Fabien Roussel, qui s’interroge aussi sur RTL : «Comment un détenu particulièrement surveillé a-t-il pu être étranglé pendant de huit minutes par un autre détenu particulièrement surveillé ?»
Toujours à gauche, les insoumis demandent, par la voix de plusieurs de leurs représentants, la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. «Il faut déterminer la réalité des événements et créer une situation d’apaisement», a expliqué Manuel Bompard, directeur de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, sur France Info. «S’il avait bénéficié d’un rapprochement, jamais cette tragédie ne serait arrivée. Une commission parlementaire pour connaître la vérité est impérative», juge aussi le député Eric Coquerel, qui sera en meeting à Bastia ce mardi soir après avoir rencontré plusieurs élus corses. Pour l’eurodéputée Manon Aubry, «la mort d’Yvan Colonna est une tragédie qui doit nous alarmer sur les conditions de détention». Car, estime-t-elle, «personne ne doit mourir en prison».
A droite, la candidate LR Valérie Pécresse parle d’«un drame» et appelle «à ne pas embraser la Corse». De son côté, Marine Le Pen (RN) clame que «cet assassinat dans les locaux pénitentiaires engage la responsabilité de l’Etat» et s’en prend au «mutisme d’un ministre de la Justice habituellement assez prolixe». «Son silence devient assourdissant», enfonce le sénateur socialiste Patrick Kanner. Il faut dire qu’Eric Dupond-Moretti, devenu garde des Sceaux à l’été 2020, a été l’avocat d’Yvan Colonna pour son troisième procès, en 2011. Pas des plus confortables pour prendre la parole…