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Polémique

La famille de Robert Badinter ne souhaite pas la présence du RN et de LFI à l’hommage national

La famille de l’ex-garde des Sceaux a demandé ce mardi 13 février à ce que le Rassemblement national et La France insoumise ne soient pas présents à l’hommage national prévu mercredi 14 février au ministère de la Justice. Si LFI compte être représenté, le RN s’abstiendra.
La famille de l’ex-ministre de la justice a demandé ce mardi 13 février à ce que le Rassemblement national et La France insoumise ne soient pas présents à l’hommage national prévu mercredi 14 février au ministère de la justice. (Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)
publié le 13 février 2024 à 15h39

Avant la célébration, la polémique. La famille de Robert Badinter a annoncé ce mardi 13 février ne pas souhaiter la présence d’élus du Rassemblement national ni de La France insoumise à l’hommage national qui sera rendu mercredi à l’ancien ministre de la Justice, décédé la semaine dernière, selon une source proche du dossier. Selon le protocole, les responsables parlementaires, quel que soit leur parti, sont invités aux hommages nationaux. «Nous avons invité l’ensemble des personnalités prévues par le protocole républicain et nous nous sommes fait le relais de la volonté de la famille. Ni plus, ni moins», a précisé l’Elysée auprès de Libé.

L’Elysée a fait connaître ce souhait d’Elisabeth Badinter, veuve du défendeur de l’abolition de la peine de mort, aux deux partis, selon cette source, confirmant une information du Figaro. Sans se faire attendre, Jean-Luc Mélenchon, sur X, a dit regretter un hommage national «dont sont exclus une partie des Français». Comme les autres responsables insoumis, le triple candidat à l’élection présidentielle a multiplié les éloges après le décès de l’ancien ministre de François Mitterrand. Après avoir publié un court texte sur X à l’annonce du décès de son ancien collègue au Sénat, se souvenant d’un homme «tout simplement lumineux», le chef du parti de gauche radicale a écrit une tribune dans les colonnes de l’Obs lundi 12 février, saluant une figure qui «s’en tenait en permanence à l’altitude de l’idéal».

Fiat et Coquerel représenteront LFI

Ce mardi, les députés insoumis se sont, en tout cas, faits très discrets dans la salle des Quatre colonnes de l’Assemblée, en refusant de répondre aux questions des journalistes ou en se limitant à des réponses courtes. «Je ne comprend pas cette décision, dit, par exemple, le député du Rhône Gabriel Amard. Cela ne prend malheureusement pas la tournure d’un hommage national. C’est inutile à un moment où nous devrions nous retrouver tous ensemble pour célébrer le grand homme qu’était Robert Badinter.» Dans un communiqué lapidaire, le groupe LFI a fait savoir que malgré la demande de la famille, le mouvement mélenchoniste sera représenté par deux élus : la vice-présidente de l’Assemblée nationale Caroline Fiat et le président de la Commission des Finances Eric Coquerel. Soit les deux membres de LFI qui occupent une fonction officielle au Palais Bourbon. «Un hommage national est un hommage national. Nous y sommes invités, et nous y serons représentés», poursuit le communiqué. «Si c’est quelque chose de privé, c’est privé, donc on n’a pas à y aller, mais puisque c’est un hommage national et qu’on est invité par le président de la République, c’est différent», souffle le député de Charente René Pilato.

A gauche, les autres partis ont accueilli l’annonce avec un certain malaise, partagés entre respecter le souhait de la famille Badinter et le soutien à leurs camarades insoumis. «Lors d’un deuil, je pense que l’avis de la famille compte», affirme par exemple le communiste Sébastien Jumel tout en assurant qu’«il n’est pas juste de considérer les insoumis hors du champ républicain». «Je regrette cette décision de la même manière que j’ai regretté que certains aient voulu en exclure certains de l’hommage national la semaine dernière, abonde le socialiste Arthur Delaporte. La République c’est un principe. Un hommage national prévoit la présence de tous. Même si ça me glace le sang de voir des députés RN dans des cérémonies d’hommage ou à des mobilisations contre l’antisémitisme, je ne peux pas les empêcher d’y aller.» Et d’ajouter : «Si on n’est pas le bienvenu quelque part, on peut se poser la question d’y aller car ça peut être perçu comme une provocation. Mais moi je défendrai leur droit d’y aller.»

Le RN s’abstiendra

Egalement ciblé par la famille Badinter, le RN a affirmé que Marine Le Pen et les autres élus de son parti qui étaient invités avaient décidé de ne pas s’y rendre, conformément à la volonté de la famille. «On ne sera pas présents, la famille ne l’a pas souhaité. Je ne vais pas polémiquer», a indiqué Marine Le Pen, en marge d’une séance à l’Assemblée nationale. Car si l’ancien garde des Sceaux a fait l’objet de plusieurs éloges et hommages depuis sa mort vendredi 9 février, il a longtemps été une figure honnie par le parti d’extrême droite pour avoir aboli la peine de mort. Marine Le Pen et les autres dirigeants de son parti s’en sont tenus au service minimum, en saluant pour la première «une figure marquante du paysage intellectuel et juridique», tout en affirmant que l’on «pouvait ne pas partager tous [ses] combats».

L’Assemblée nationale a dédié une minute de silence à la mémoire de Robert Badinter ce mardi 13 février, suivie d’un applaudissement de l’ensemble des groupes, quelque député RN exceptés. La présidente, Yaël Braun-Pivet, a salué dans son discours introductif la mémoire d’un «grand républicain», souhaitant qu’il puisse rejoindre Victor Hugo ou Jean Jaurès au Panthéon, «temple des grands hommes». Emmanuel Macron devrait s’exprimer sur la question demain, lors de l’hommage national rendu à la place Vendôme.

Mise à jour à 16h29, ajout de la réaction de Jean-Luc Mélenchon puis à