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Libération
Partenaire particulier

La FNSEA, cette «co-ministre» de l’Agriculture

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Les agriculteurs en colèredossier
D’anciens locataires de la rue de Varenne témoignent de leurs rapports avec le puissant syndicat des agriculteurs, interlocuteur obligé, aussi «compétent» que «conservateur et corporatiste».
Bruno Le Maire à un Congrès de la FNSEA quand il était ministre de l'Agriculture sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le 30 mars 2011. (Damien Meyer/AFP)
publié le 3 février 2024 à 12h00

Héritage des années 60, celles du virage productiviste de l’agriculture française, le long partenariat entre la droite au pouvoir et la puissante Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) serait l’une des plaies de l’agriculture française. Une «cogestion» régulièrement dénoncée, aujourd’hui encore, par la gauche et les écologistes, dans le cadre de la mobilisation nationale des agriculteurs.

Ministre dans le gouvernement de coalition dirigé par Lionel Jospin (1998-2002), le socialiste Jean Glavany a payé cher d’avoir contesté le monopole du syndicat majoritaire, affichant son ambition de «faire entrer le pluralisme» dans les chambres d’agriculture. Ses relations avec la FNSEA ont été particulièrement houleuses. Elles n’avaient été guère plus apaisées, pour les mêmes raisons, avec ses prédécesseurs socialistes, notamment Michel Rocard (1983-1985) et Louis Le Pensec (1997-1998), lequel avait mis fin au traditionnel petit-déjeuner du mardi entre le ministre et le président du syndicat.

«Une sorte de co-ministre»

Cette organisation «très conservatrice et très corporatiste» avait des liens très forts avec Jacques Chirac, rappelle Glavany : «Avec son grand bureau et sa grosse voiture, le président de la FNSEA, se voyait comme une sorte de co-ministre.»