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Libération
Responsabilité

La France rapatrie 40 enfants et 15 femmes des camps de prisonniers jihadistes syriens

Une cinquantaine de personnes, des femmes et des enfants, ont été rappariées ce jeudi par la France, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.
Dans le camp d'al-Hol, en Syrie, le 8 janvier 2020. (Goran Tomasevic/REUTERS)
publié le 20 octobre 2022 à 8h55
(mis à jour le 20 octobre 2022 à 14h25)

C’est la plus grosse opération de rapatriement de ce type depuis trois mois. La France a procédé ce jeudi matin au rapatriement de 15 femmes et 40 enfants qui étaient détenus dans les camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.

«Les mineurs ont été remis aux services chargés de l’aide à l’enfance et feront l’objet d’un suivi médico-social. Les adultes ont été remises aux autorités judiciaires compétentes», selon le communiqué. «La France remercie les autorités locales du nord-est de la Syrie [les autorités kurdes, ndlr] pour leur coopération, qui a rendu possible cette opération», ajoute le Quai d’Orsay.

Parmi les mineurs se trouvent 7 orphelins ou enfants isolés, a précisé dans un communiqué le parquet national antiterroriste (Pnat). Les femmes sont pour leur part âgées de 19 à 42 ans. Trois d’entre elles qui étaient visées par un mandat d’arrêt vont être présentées dans la journée à un juge d’instruction antiterroriste en vue de leur mise en examen, tandis que les 12 autres, qui faisaient l’objet d’un mandat de recherche, ont été placées en garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Parmi ces dernières figure une jeune femme de 19 ans emmenée sur place quand elle était mineure, selon le Pnat.

300 mineurs rapatriés

Ces femmes font partie de ces Françaises qui s’étaient rendues volontairement dans les territoires contrôlés par les groupes jihadistes en zone irako-syrienne et qui ont été capturées dans la chute de l’Organisation de l’Etat islamique en 2019. Les enfants sont pour la plupart d’entre eux nés sur place.

Environ 300 mineurs français ayant séjourné dans des zones d’opération de groupes terroristes sont rentrés en France, dont 77 par rapatriement, a dénombré début octobre le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, lors d’une audition devant le Sénat. Le gouvernement français avait procédé à un premier rapatriement massif, en juillet, depuis la chute du «califat».

Avant cette date, la France menait une politique de retour au compte-gouttes. Paris avait été interpellé à plusieurs reprises sur le sujet par la Défenseure des droits, la CEDH ou même le comité de l’enfance de l’ONU qui concluait que la France «avait violé les droits des enfants français détenus en Syrie en omettant de les rapatrier».

«La décision de la Cour est une démonstration accablante des efforts persistants de la France pour échapper à ses responsabilités envers les femmes et les enfants français détenus arbitrairement dans le nord-est de la Syrie dans des conditions mettant leur vie en danger», avait alors déclaré Bénédicte Jeannerod, la directrice de Human Rights Watch (HRW) en France.

Mis à jour à 14h23 avec les gardes à vue des femmes rapatriées.