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Libération
Editorial

La France rejoint les démocraties où les puissants sont des justiciables comme les autres

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La condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy pour «corruption» et «trafic d’influence» pourrait enfin sonner le glas de l’exception française appliquée aux politiques en exercice.
Nicolas Sarkozy lors de son arrivée au tribunal, ce lundi. (Denis Allard/Libération)
publié le 1er mars 2021 à 20h27

Le tribunal aurait pu ajouter, bien sûr, que c’est un jour triste pour la nation. C’est en tout cas la phrase qui revient dans les verdicts très différents d’Ivo Sanader (Croatie, 2012), Ehud Olmert (Israël, 2015), Lise Thibault (Canada, 2015) ou Park Geun-hye (Corée du Sud, 2017), tous leaders de pays démocratiques et condamnés à la prison pour corruption. Lundi, l’ex-président de la République Nicolas Sarkozy a été rajouté à cette liste désolante, ayant été déclaré coupable de «corruption» et de «trafic d’influence», et condamné à trois ans de prison. Mais est-ce pour autant un jour triste ? Le tribunal correctionnel de Paris rappelle, dans un verdict d’une grande sobriété, que les faits dont s’est rendu coupable Nicolas Sarkozy «sont d’une particulière gravité ayant été commis par un ancien président de la République qui a été le garant de l’indépendance de la justice», et ajoute qu’il «s’est servi de son statut d’ancien président de la République et des relations politiques et diplomatiques qu’il a tissées alors qu’il était en exercice».

Face à ce qu’il a appelé «un pacte de corruption», le tribunal a donc décidé de sauver la nation d’une possible victoire de ce pacte sur la justice. La France rejoint ainsi les démocraties où les puissants sont d