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La gauche plus eurofrileuse qu’europhile

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Elections européennes 2024 dossier
Peut-on être de gauche et pro-européen ? Si cela allait de soi il y a quelques années, il n’est plus de bon ton de parler fédéralisme aujourd’hui. En témoignent les critiques contre «l’eurobéatitude» de Raphaël Glucksmann venues de son propre camp.
Le député de la Somme François Ruffin à Paris, le 8 mars. (Denis Allard/Libération)
publié le 17 mars 2024 à 19h59

En cette fin janvier, un sujet parcourt les tables des restaurants qui entourent l’Assemblée nationale : François Ruffin vient de publier une lettre adressée à l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, dans laquelle il déplore la gauche déconnectée que la tête de liste socialiste incarnerait. «Quel texte !» saluent des députés roses, rouges et verts. Le député insoumis, opposé à l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne, y critique les précédents élargissements, à l’origine d’«un cataclysme silencieux, 1 million d’emplois industriels détruits, des délocalisations en séries». Le «saut fédéral» souhaité par Glucksmann : «Comment ? interroge l’élu de la Somme. Dans le dos des peuples, et du peuple français en particulier ?»

Il y a quelques années, pour les socialistes et les écolos, ces mots auraient placé François Ruffin dans le camp d’en face, celui des infréquentables. En 2013, dans le Monde diplomatique qui a longtemps abrité la pensée eurosceptique de gauche, le philosophe Frédéric Lordon, proche de Ruffin, ironisait ainsi : «Toute mise en cause de l’Europe, fût-elle rendue au dernier degré du néolibéralisme, est le commencement