Le Conseil constitutionnel a validé ce jeudi 7 août, à quelques réserves près, la loi du gouvernement pour «refonder Mayotte», qui vise notamment à durcir les règles sur l’immigration et à lutter contre l’habitat informel dans le département le plus pauvre de France. Saisis mi-juillet par des députés socialistes, insoumis et écologistes qui demandaient la censure de nombreuses mesures du volet migratoire de la loi, les «sages» ont jugé les dispositions conformes à la Constitution.
Interview
Les parlementaires s’attaquaient en premier lieu à une mesure conditionnant l’obtention d’un titre de séjour, pour les parents d’enfant français, à une entrée régulière sur le territoire. Une disposition «manifestement contraire au principe d’égalité», et qui porte notamment atteinte «au principe de protection de l’intérêt supérieur de l’enfant», avaient argumenté les députés, estimant que cela va «maintenir dans la pauvreté et l’errance des enfants dont les parents n’auront pas le droit de rester en France».
«Une forte proportion de personnes de nationalité étrangère»
Mais le Conseil a estimé que les particularités démographiques de la collectivité, «soumise à des flux migratoires très importants», constituent des «caractéristiques et contraintes particulières au sens de l’article 73 de la Constitution», justifiant d’instaurer sur l’île des différences de traitement avec le territoire national. «La population de Mayotte comporte, par rapport à l’ensemble de la population résidant en France, une forte proportion de personnes de nationalité étrangère, dont beaucoup en situation irrégulière, ainsi qu’un nombre élevé d’enfants nés de parents étrangers», ont rappelé les «sages».
Le Conseil constitutionnel considère que la situation migratoire particulière de Mayotte justifie un durcissement de la loi, mais formule deux réserves. Il juge que l’administration est tenue de délivrer un visa de long séjour à la personne de nationalité étrangère qui la sollicite et dont l’enfant est un mineur de nationalité française résidant en France.
Reportage
Le Conseil a validé par ailleurs d’autres mesures contestées par les députés, comme la possibilité de retirer le titre de séjour du parent d’un enfant considéré comme menaçant l’ordre public, la centralisation des reconnaissances de paternité à Mamoudzou pour lutter contre les reconnaissances frauduleuses, ou encore la possibilité de placer, dans une zone de rétention, des mineurs accompagnant un majeur qui fait l’objet d’une mesure d’éloignement.
Lutter contre l’habitat informel
Le Conseil a aussi entériné plusieurs dispositions visant à lutter contre l’habitat informel dans l’archipel de l’Océan indien, dont celle actant que ce dernier n’est pas considéré comme un logement «normal», condition nécessaire pour bénéficier du droit au regroupement familial.
Les «sages» valident enfin la possibilité, en cas d’évacuation forcée d’un tel habitat informel, de déroger pendant dix ans à l’obligation d’une offre de relogement ou d’hébergement d’urgence, si l’administration prouve qu’elle ne peut matériellement pas le faire, en raison du passage du cyclone Chido en décembre 2024.