Presque vingt années de mandat essuyées en une décision de justice. Le tribunal correctionnel de Toulouse a condamné ce mardi la maire Les Républicains (LR) de Montauban, Brigitte Barèges, à douze mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende pour «détournement de fonds publics». Mais surtout, la future ex-édile a écopé de cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat et doit donc mettre fin sur-le-champ à son mandat de maire ainsi qu’à ceux de présidente du Grand Montauban et de conseillère départementale du Tarn-et-Garonne.
Après avoir été évincé du cabinet municipal en raison d’une procédure disciplinaire, Jean-Paul Fourment, ancien chargé de communication et directeur de cabinet de Brigitte Barèges, a témoigné auprès de la justice. Il a expliqué avoir été rémunéré avec l’argent de la mairie pour écrire des articles élogieux à propos de sa patronne dans la publication locale le Petit Journal, entre 2012 et 2014, période durant laquelle l’élue LR était déjà maire de Montauban et en campagne pour se faire réélire. Mise en examen en 2015, pour «détournement de fonds publics par personne dépositaire de l’autorité publique ou investie d’une mission de service public», Brigitte Barèges a toujours nié les faits, préférant parler lors de l’audience de décembre dernier d’un «manque de rigueur». Ce qui n’a visiblement pas convaincu le tribunal. Au contraire, au moment du délibéré, le président du tribunal a insisté sur le devoir «d’exemplarité et de probité des élus» comme le rapporte 20 Minutes, et a fait le choix de prononcer une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire. Soit le jugement le plus sévère dans ce cas, puisqu’il contraint la personne condamnée à quitter son mandat rapidement, malgré les différents recours en justice possibles. Les avocats de Brigitte Barèges ont d’ailleurs d’ores et déjà annoncé qu’ils feraient appel de la décision.
Une élue habituée des frasques
Tout au long de ses mandats successifs, la désormais future ex-maire de Montauban, située à l’aile droite des Républicains, a fait parler d’elle pour ses nombreuses sorties racistes et homophobes. En 2011, par exemple, alors que les députés examinent une proposition de loi socialiste visant à ouvrir le mariage aux personnes de même sexe, Brigitte Barèges avait lancé en commission : «Et pourquoi pas avec des animaux ? Et la polygamie ?» La même année, elle refuse de célébrer le mariage d’un couple franco-tunisien, suspectant un mariage blanc. «Désolée mais la mairie n’est pas un self-service du mariage», avait-elle lâché alors que la justice, saisie par le couple, l’avait enjoint à célébrer l’union. En 2014, elle s’était une nouvelle fois distinguée en présentant Jean Tepkri, le seul de ses colistiers à être de couleur, comme «la tache de sa liste».
Plus récemment, l’élue LR s’est illustrée en ne cachant pas sa proximité avec le maire de Béziers, proche du RN, Robert Ménard. En octobre dernier, l’élue LR avait invité son homologue biterrois pour une réunion publique sur le thème «les maires en première ligne» et avait fustigé les nombreuses critiques suscitées par leur rencontre. Barèges aurait également vu d’un bon œil une union des droites avec Robert Ménard pour les régionales prévues en juin prochain. Des régionales auxquelles elle ne pourra finalement pas prendre part.