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La ministre Oudéa-Castéra doit se rendre à l’école publique Littré pour tenter d’éteindre la polémique

Le gouvernement Attaldossier
A quelques heures de la conférence de presse d’Emmanuel Macron, la ministre de l’Education nationale, au centre d’une polémique sur la scolarisation de ses enfants dans le privé, doit visiter ce mardi 16 janvier l’école publique de laquelle elle a retiré son enfant.
La ministre de l'Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra, en visite à Andrésy (Yvelines) au côté du Premier ministre, Gabriel Attal, vendredi 12 janvier 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 16 janvier 2024 à 7h45
(mis à jour le 16 janvier 2024 à 7h47)

Elle tente le tout pour le tout. A quelques heures de la conférence de presse XXL du président Macron, la nouvelle ministre de l’Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra, espère éteindre la polémique liée à la scolarisation dans le privé de ses enfants en se rendant ce mardi 16 janvier à l’école publique Littré – d’où elle avait retiré son fils aîné pour le mettre à Stanislas.

La visite aura lieu «en fin de matinée», «pour aller à la rencontre des professeurs et l’équipe dirigeante de l’établissement, et échanger avec eux», a-t-on précisé dans l’entourage de la ministre, confirmant des informations de BFM TV. Depuis vendredi, soit à peine installée dans ses nouvelles fonctions, Amélie Oudéa-Castéra est obligée de se justifier sur l’inscription de ses trois fils dans un prestigieux établissement privé des beaux quartiers de la capitale.

Un choix motivé par «des paquets d’heures pas sérieusement remplacées» dans le public, avait-elle prétendu vendredi lors de son premier déplacement. Des propos vécus comme une provocation par les syndicats, au point qu’Amélie Oudéa-Castéra a aussitôt battu sa coulpe, disant «regretter» d’avoir «pu blesser certains enseignants».

Mais la deuxième salve n’a pas tardé : dimanche soir, Libération a mis à mal la défense de la ministre, contredite par l’ancienne institutrice du seul enfant de la ministre à être passé par Littré, dans le VIe arrondissement de Paris – alors en petite section, il n’est resté que six mois dans l’établissement public. L’ancienne prof a en effet démenti les absences invoquées par Oudéa-Castéra pour justifier la bascule dans le privé. Cette enseignante – aujourd’hui à la retraite – a indiqué que les parents voulaient que leur fils saute une classe, un souhait auquel l’école Littré s’était opposée.

Dans une lettre à la ministre publiée par Libération lundi soir, des parents d’élèves ou anciens élèves de l’école Littré défendent cet établissement et critiquent des propos «généraux», «réducteurs» et «stigmatisants». Ils font part de leur «plus profond attachement à l’école de la République et notamment à notre école Littré, si injustement mise en cause pour les besoins de votre situation personnelle et individuelle».

Grèves le 25 janvier et le 1er février

Lors d’un déplacement au village olympique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) lundi matin, Amélie Oudéa-Castéra, qui est également ministre des Sports et des Jeux olympiques, a déclaré ne pas vouloir «aller plus avant sur le terrain de la vie personnelle et de la vie privée». «Il y a des attaques auxquelles j’ai essayé de répondre avec le plus de sincérité possible. Il faut clore ce chapitre des attaques personnelles et de la vie personnelle», a-t-elle dit.

Mais ses collègues peinaient à cacher leur embarras. La nouvelle porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, a botté en touche sur France Inter : «Je ne sais pas si elle a menti, je dis simplement qu’elle a expliqué pourquoi son fils a été scolarisé dans le privé.»

C’est dans ce contexte très tendu que la ministre de l’Education nationale a commencé ses rencontres avec chacun des syndicats, pour évoquer les priorités de son ministère. «Tous les enseignants se sont sentis blessés, humiliés», a déclaré Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges et lycées), après son rendez-vous lundi. Faute d’«excuses publiques», de «réponse claire» ou d’«engagement», la FSU a «coupé court à la réunion». Elisabeth Allain-Moreno, du SE-Unsa, a quant à elle affirmé que la ministre s’était «excusée» : «elle regrettait, elle était consciente que ça avait vraiment blessé au sein de la profession» et «elle a reconnu une erreur». Les syndicats ont appelé à des grèves le 25 janvier et le 1er février.

La polémique contrarie les plans de l’exécutif, moins d’une semaine après le changement de gouvernement censé lui donner un nouveau souffle incarné par Gabriel Attal. D’autant que l’ancien titulaire de l’Education nationale a assuré qu’il serait le «garant» de la «priorité absolue» accordée à l’école.

Emmanuel Macron, qui considère que le sujet «fait partie du domaine réservé du Président», doit préciser ce mardi soir lors de sa conférence de presse comment il entend mener à bien le «réarmement» du pays, qui pourrait passer par des annonces en matière d’éducation.