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Législatives 2024 : la nouvelle star Marine Tondelier rend fiers les verts

Tour à tour percutante, émouvante et déterminée, Marine Tondelier se révèle au grand public à l’occasion des ces législatives anticipées. Au sein d’EE-LV, on savoure un peu après des européennes éprouvantes.
Marine Tondelier, le 30 juin, sur la place de la République à Paris. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 2 juillet 2024 à 8h23

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C’est une anecdote que Cécile Duflot aime bien raconter. Nous sommes en 2016, en pleine campagne des primaires EE-LV auxquelles candidate l’ancienne ministre du Logement de François Hollande. Sa collaboratrice parlementaire, une certaine Marine Tondelier, l’accompagne en déplacement. «On dormait dans la même chambre d’hôtel pour faire des économies, se souvient Duflot. Un soir, on soulève le matelas sur lequel on dort et on voit que c’est une planche en bois. Elle rigole et elle me dit en riant que, quand on en est là, c’est que c’est vraiment le bas du bas.» Huit ans plus tard et une campagne des législatives éclair, Tondelier n’est plus en bas. Le grand public a fini par découvrir cette écolo. L’intéressée fait tout pour, usant du fond mais aussi de la forme. Cette veste verte qu’elle porte depuis des semaines , en passe de devenir l’un des symboles de cette campagne, en est un bon exemple. La notoriété s’accroît. Dans le reste de la gauche, on observe et on finit, parfois, par se méfier de cette aura grandissante. Ce qui était impensable après une campagne des européennes chaotique et qui a vu le camp écolo échapper de peu au désastre. Mais la dissolution est passée par là.

Sens du collectif

Durant la campagne des législatives puis lors de la soirée de premier tour, sur France 2 face à une Aurore Bergé incapable d’appeler à l’union face à l’extrême droite, Tondelier transperce l’écran. La découverte de cette élection, c’est elle. Du moins pour les néophytes. Pour les écolos, c’est tout sauf une surprise. Ceux qui la connaissent dans ce parti qui aime couper les têtes un peu trop hautes louent sa «solidité» et sa «cohérence» depuis des années. «Elle est très intelligente et elle travaille beaucoup, peut-être trop», note l’eurodéputé David Cormand. Le maire écolo de Grenoble, Eric Piolle, se souvient du travail de la jeune femme auprès de lui, en 2021. Elle dirige alors sa campagne de la primaire écolo – avec le même succès que pour Duflot quatre ans plus tôt. «Je cherchais quelqu’un qui allie deux qualités essentielles, au-delà de la proximité sur le fond bien sûr : la cohérence par tous vents, et l’attachement à la dimension humaine de la politique – confiance, respect et franchise, service du collectif», résume l’édile.

Ce sens du collectif porte ses fruits. C’est autour d’elle que l’union de la gauche s’est faite pour les législatives, conclues et annoncées au siège des écolos. Et, depuis dimanche soir, elle est l’un des visages les plus marquants de la gauche définitivement opposée au RN. «Elle arrive à élever son niveau de jeu, ajoute Cormand. Elle a pris la mesure des enjeux.» «Elle a une énergie folle et ça débouche sur quelque chose de positif, poursuit le porte-parole des jeunes écolos et ancien collaborateur de Tondelier, Octave Plessis. Quand elle est face à des fachos, elle les remet à leur place.» Le même parle d’une «fierté» retrouvée chez les militants et s’enflamme : «Dans 50 ans, on reparlera de cette séquence…»

«Sans faute»

Une chose joue pour elle : élue d’opposition dans la ville RN d’Hénin-Beaumont, Tondelier sait mieux que personne ce qu’est l’extrême droite au pouvoir. «Ça lui confère une sensibilité particulière, estime Cormand. Certains élus de gauche n’ont pas la même perception du RN au pouvoir. Elle a l’exemple du comment et du pourquoi le parti agit, elle voit ce qu’il fait.» Cela débouche sur des séquences notables. Dimanche soir sur France 2, elle met Bergé face à ses responsabilités. Lundi matin sur France Inter, pleine d’émotion, elle s’emporte contre le «comportement de lâche et de privilégié» de Bruno Le Maire, qui refuse d’appeler à voter pour un candidat LFI face au RN. «Quand elle répond à cet imbécile, elle est forcément concernée», balance Cormand.

Rarement personnalité aura fait l’objet d’une telle unanimité au sein des Verts, du moins pas récemment. Les épreuves éteignent toute velléités et efface les mois d’errance où, durant la campagne des européennes, le parti écolo a brillé par ses carences. Assiste-t-on à l’émergence d’une nouvelle figure politique ? «A l’évidence», constate le sénateur écolo Yannick Jadot. «Elle fait un sans faute dans la façon dont elle incarne notre combat face à la dérive politique et idéologique ambiante. Et c’est précieux», résume pour sa part la députée sortante Sandra Regol qui réfute néanmoins toute idée d’éclosion récente : «Ça fait bientôt deux ans qu’elle est très présente dans les médias et s’impose dans le paysage politique.» Duflot abonde et moque une affaire de journalistes – à raison sans doute – de toujours tenter de raconter des histoires. Mais qui oserait dire que, dans cette ambiance actuelle, une belle légende ne fait pas de bien ?