Nouveau record. La pétition contre la loi Duplomb, qui permet notamment sous conditions la réintroduction d’un pesticide interdit en France depuis 2018, a dépassé ce lundi 28 juillet au matin la barre des deux millions de signatures sur le site de l’Assemblée nationale.
Lancée le 10 juillet, elle avait atteint les 500 000 signatures le week-end dernier, du jamais-vu sur le portail du Palais Bourbon. Un seuil qui ouvre la voie à l’organisation d’un débat dans l’hémicycle qui ne permettra toutefois pas, seul, de revenir sur les dispositions déjà adoptées. La pression s’accentue toutefois encore un peu plus sur le gouvernement, sommé par la gauche, les ONG et désormais une partie non négligeable de l’opinion publique d’abroger le texte.
Un sondage de Cluster17, un laboratoire d’études d’opinions, pour Génération Ecologie, publié dans La Tribune Dimanche, confirme ce sentiment de défiance : 61 % des personnes interrogées se disent défavorables à cette loi, dont 46 % «très défavorables». Elles sont par ailleurs 64 % à souhaiter qu’Emmanuel Macron ne promulgue pas le texte et qu’il le soumette à une nouvelle délibération au Parlement.
Au comptoir de chez Pol
La pétition d’Eleonore Pattery, étudiante de 23 ans, a été abondamment relayée sur les réseaux sociaux par des ONG, des groupes politiques, mais aussi des personnalités comme l’acteur Pierre Niney, le musicien Julien Doré ou l’influenceuse EnjoyPhoenix.
Elle demande l’abrogation «immédiate» de la loi, «la révision démocratique des conditions dans lesquelles elle a été adoptée» alors qu’il n’y a pas eu de réels débats dans l’hémicycle, et une «consultation citoyenne des acteurs de la santé, de l’agriculture, de l’écologie et du droit» sur les sujets soulevés. Le succès de ma pétition «prouve que l’intelligence collective existe - et qu’elle triomphera, tôt ou tard», a commenté l’étudiante mercredi 23 juillet sur le réseau LinkedIn.
Outre des mesures sur les retenues d’eau ou les seuils d’autorisation environnementale des bâtiments d’élevage, la loi «Duplomb-Menonville», du nom des sénateurs de droite et du centre qui l’ont portée, cristallise les critiques en raison d’une mesure de réintroduction sous conditions d’un pesticide, l’acétamipride, interdit en France depuis 2018, mais autorisé en Europe.
«Un tueur d’abeilles»
Son utilisation est réclamée par les producteurs de betteraves et de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale de leurs concurrents européens.
A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre «un tueur d’abeilles». Ses effets sur l’humain sont aussi source de préoccupations, même si les risques restent incertains, faute d’études d’ampleur.
Le texte, adopté définitivement au Parlement après un parcours législatif très agité, attend désormais le couperet du Conseil constitutionnel, qui rendra sa décision «a priori» le 7 août et pourrait censurer une partie ou toute de la loi. C’est seulement après qu’Emmanuel Macron pourra décider de promulguer le texte ou demander une seconde délibération au Parlement, réclamée notamment par la gauche.