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Libération
Violences policières

«La police tue» : les députés LFI Aurélien Taché et Aly Diouara visés par des plaintes déposées par des préfets

Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a déposé plainte ce vendredi 22 août contre l’élu LFI Aly Diouara qui a déclaré que «la police tue». Mercredi déjà, Aurélien Taché était visé par une procédure judiciaire pour des propos similaires.
A gauche Aurelien Tache mars 2023 A droite Aly Diouara mars 2025 (T. Samson / X. Bouzas/AFP - HansLucas. AFP)
publié le 22 août 2025 à 17h12

L’Etat refuse qu’on dise que «la police tue». Le préfet de police de Paris a annoncé ce vendredi 22 août avoir porté plainte contre le député LFI Aly Diouara. La veille, dans un post sur X, l’élu de Seine-Saint-Denis avait affirmé que «la police tue». Des propos «inadmissibles et inqualifiables», qui «offensent les femmes et les hommes engagés au quotidien pour la sécurité et la protection de tous», a ainsi posté Laurent Nuñez ce vendredi matin sur son compte X, citant la publication du député.

Le message en question d’Aly Diouara est le suivant : «Oui, LA POLICE TUE ! […] Et elle tue souvent les mêmes. Par choix, par racisme et par nostalgie coloniale. Les chiffres sont là, les rapports aussi et la police française a été condamnée pour ses crimes». Le député n’a pas baissé de ton après la sortie du préfet, répondant, toujours sur X : «Le temps des colonies est terminé […] Hâte de confronter mon propos devant la justice de notre pays. Si vous pensiez intimider quelqu’un avec votre plainte, vous vous trompez honteusement.»

En février, l’élu de la 5e circonscription du 93 avait raconté avoir été témoin d’un «contrôle au faciès» sur deux jeunes et «menacé» par les policiers, pointant une «posture excessivement offensante» des forces de l’ordre ce jour-là. Une source policière avait fait savoir que les agents avaient sorti un pistoler à impulsion électrique devant le député, assurant qu’ils «ne savaient pas à quoi s’attendre» au moment où ce dernier avait glissé sa main dans sa poche pour sortir sa carte de député.

Des élus «aveuglés par la haine anti-flics» dénonce Bruno Retailleau

Cette plainte déposée par le préfet de police de la capitale suit à celle émise mercredi par son collègue du Val-d’Oise Philippe Court, à l’encontre du député LFI Aurélien Taché, lui sommant de retirer son message. En cause, des propos similaires à ceux tenus par Diouara. «La police tue partout. Dans le Val-d’Oise où je suis élu, comme dans les Deux-Sèvres où j’ai grandi», avait écrit Taché, en réaction à la mort de Gabriel, un habitant des Deux-Sèvres de 33 ans blessé mortellement au mois de mai par un gendarme en intervention pour «tapage nocturne».

Mercredi, le préfet du Val-d’Oise a confirmé avoir déposé plainte mardi contre le député Taché, pour ces propos qu’il juge «diffamatoires, injurieux et mensongers» à l’égard des policiers du département. «Tenir de tels propos de la part d’un élu du Val-d’Oise qui vit dans le Val-d’Oise, c’est déshonorant et même indécent, sachant que 118 policiers y ont été blessés en 2024 en cours d’intervention», a insisté le haut fonctionnaire.

De son côté, le député refuse de supprimer son texte : «Il n’est pas question que je supprime mon message, on ne tente pas impunément de censurer la voix des parlementaires en France». Et d’ajouter : «Je trouve choquant que l’Etat essaye d’étouffer les voix qui dénoncent les violences policières». L’élu se paie également le ministre de l’Intérieur qu’il accuse d’être à l’origine d’une «une croisade politique contre de nombreux adversaires, avec les moyens de l’Etat».

De quoi provoquer l’ire du premier flic de France. Mercredi matin, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a participé à la polémique sur le réseau social X en évoquant «les attaques irresponsables de certains élus aveuglés par la haine anti-flics».

Dans les Hauts-de-Seine aussi, un préfet et un élu insoumis se sont écharpés sur le sujet brûlant des violences policières. Mardi 19 août, le député LFI Aurélien Saintoul a réagi sur X à la plainte déposée par Philippe Court contre son collègue à l’Assemblée Aurélien Taché. Il l’accuse d’avoir «fait du zèle» et écrit : «Couvrir les abus, refuser même qu’on les évoque, c’est le contraire de sa mission». En réponse, le préfet des Hauts-de-Seine Alexandre Brugère rétorque sur X que «le rôle des préfets est de soutenir les services de l’Etat quand ils sont injustement attaqués».