Que l’on partage ou non les opinions de Marlène Schiappa et d’Alexis Corbière, on ne peut que saluer l’exercice auquel ces deux-là se sont livrés pour Libération. Après les outrances et les invectives, et parfois même la haine palpable lors des deux dernières campagnes électorales, il nous était resté comme une lassitude des débats politiques. Si cela devait se résumer systématiquement à une guerre de tranchées ou une bataille d’ego, voire un concours de bobards ou de langue de bois, cela ne présentait guère d’intérêt, mieux valait laisser passer l’orage, attendre que l’été ramène chacun sur terre. Et nous ne sommes malheureusement pas les seuls à avoir éprouvé cette lassitude, à en croire les taux d’abstention massifs des derniers scrutins.
Si l’on veut éviter de voir notre démocratie s’asphyxier jusqu’à l’étouffement, il apparaît urgent de renouer le lien entre personnel politique et citoyens. D’où l’intérêt d’organiser des débats sur des sujets de fond comme La France insoumise a prévu de le faire lors de sa rentrée, la semaine prochaine à Valence, et surtout d’y associer des personnalités politiques de tous horizons, telles Rachida Dati (LR) ou Marlène Schiappa (Renaissance). Ouvrir les fenêtres, après ces mois de torpeur, est un réflexe de bon sens. Et quel plus beau thème que celui de la République qui a été ballotté de parti en parti durant les dernières campagnes, chacun s’arrogeant le label ad nauseam. Entre LFI et LREM, il y a clairement deux conceptions de la République qui s’opposent, l’une plus sociale, horizontale, l’autre plus verticale, bâtie autour d’un pouvoir exécutif fort. La question de la laïcité est une autre divergence et l’on voit bien que le seul moment où le ton, entre Schiappa et Corbière, commence à monter est celui où il est question de l’antisémitisme, sujet sur lequel LFI n’est clairement pas à l’aise. Au moins les choses sont-elles dites et semble-t-il écoutées. Une qualité de débat comme on espère en voir désormais plus souvent dans l’hémicycle.