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Libération
Le billet de Thomas Legrand

La souveraineté à toutes les sauces

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Alimentaire, nationale, européenne… Les politiques qui manient à qui-mieux-mieux ce concept à la mode en tirent rarement toutes les conséquences.
A Renne le 25 janvier, pendant la manifestation des agriculteurs. (Angeline Desdevises/Hans Lucas.AFP)
publié le 24 avril 2024 à 8h02

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Le mot «souveraineté» est devenu un enjoliveur de concept. Accolez ce mot à n’importe quelle idée, vous la nimberez ainsi d’une couche de respectabilité qui la rendra quasiment inattaquable. Dernier avatar en date : la «souveraineté alimentaire». Le gouvernement a à peu près cédé à toutes les revendications de la FNSEA et de l’agro-industrie, lors de la poussée de fièvre des agriculteurs en janvier et février, afin, justifiait-il, de préserver la puissance de notre modèle et retrouver la «souveraineté alimentaire». Là, le mot «souveraineté», veut dire «indépendance». Tant pis si, justement, le modèle basé sur l’exportation, impliquant aussi de permettre des importations, est en contradiction totale avec l’idée de souveraineté.

La souveraineté, concept positif en France : voilà qui est très nouveaux et qui est largement dû à la popularisation de l’idée de souveraineté européenne. En 2020, la fondation Jean-Jaurès associée au think tank allemand Friedrich-Ebert avait mené une enquête sur tout le continent pour déterminer la popularité du concept de souveraineté. La France était