«Arrivé à 1,50 mètre environ, il m’a braqué avec un pistolet.» Attablé dans un restaurant de Lorient (Morbihan), Eric (1), quadragénaire aux yeux rieurs, raconte son agression par des militants d’extrême droite, un soir de mars. En compagnie de camarades syndicalistes, l’enseignant avait fêté la fin d’une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites dans un estaminet du centre-ville. Vers 21 heures, avant de se séparer, lui et trois autres convives, âgés de 35 à 50 ans, s’attardent devant les lieux quand un groupe d’hommes cagoulés leur fond dessus. Jets de gaz lacrymogène, coups : la scène est aussi violente que soudaine. Plusieurs victimes finissent au sol. Les agresseurs repartent aussi vite qu’ils étaient arrivés. Puis l’un d’entre eux revient, toujours cagoulé. Eric va à sa rencontre pour désamorcer ce qu’il sent arriver. Et se voit mis en joue.
«Depuis j’ai peur de sortir de chez moi, même pour faire 500 mètres je prends la voiture», confie l’enseignant, sans nouvelles de la plainte qu’il a déposée. Une de ses camarades, présente ce soir-là, dénonce «une agression politique» car tous portaient leur matériel militant du syndicat Solidaires. Ils déplorent aussi la réponse de la police qui, après avoir mis en doute la véracité de l’arme, aurait fini par les «engueuler». Aux blessures légères des agressés s’est ajouté un choc difficile à surmonter. «On était plus ou moins préservés ici, c’est fini», se désole la