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Come-back

L’ancien Premier ministre Michel Barnier candidat à une législative partielle à Paris

L’ancien négociateur du Brexit s’est déclaré candidat ce mardi 15 juillet dans la 2e circonscription de Paris après que trois députés ont été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel.
Michel Barnier, le 20 mai 2025 à Paris. (Henrique Campos /Hans Lucas. AFP)
publié le 15 juillet 2025 à 18h47
(mis à jour le 15 juillet 2025 à 19h53)

Le sens du timing savoyard ? A peine terminées les annonces de François Bayrou pour réduire le déficit budgétaire, mardi 15 juillet, son prédécesseur à Matignon, Michel Barnier, a annoncé sur X sa candidature à une législative partielle à Paris.

Trois députés avaient été déclarés jeudi 11 juillet inéligibles par le Conseil constitutionnel du fait d’irrégularités identifiées dans leurs comptes de campagne lors des législatives anticipées, en juillet 2024. Parmi eux, Jean Laussucq, élu après la dissolution dans la 2e circonscription de la capitale. C’est cette dernière, qui comprend le Ve arrondissement, une partie du VIe et une partie du VIIe qu’a choisi Barnier. Conformément au code électoral, les partielles devront être organisées dans un délai de trois mois, soit d’ici à octobre.

«Prolongement de mon engagement»

Alors que la rumeur circulait depuis plusieurs jours, une information du Figaro publiée dans la matinée accréditait l’idée d’une candidature de l’ancien négociateur en chef du Brexit. «Adhérent Les Républicains de Paris et habitant cette circonscription depuis longtemps, ma candidature s’inscrit dans une démarche de rassemblement de la droite et du centre, a écrit l’ancien chef du gouvernement en fin de journée. Afin de porter une voix forte et sûre pour nos trois arrondissements dans le prolongement de mon engagement pour notre pays.»

Ancien ministre, député européen, sénateur, Michel Barnier, 74 ans, a déjà siégé au Palais-Bourbon. Elu pour la première fois en 1978, il y a occupé des premiers mandats jusqu’en 1986, puis de 1986 à 1993. Après avoir essuyé la première censure depuis 1962, en décembre, il ne cachait pas son envie de peser sur l’avenir de son parti, Les Républicains, et du pays.

Remous dans le bloc central

Chez LR, une cadre se réjouit déjà de sa candidature : «C’est une bonne nouvelle. On va éviter le drame de 2024. Il y avait quatre candidats de la droite et du centre !» Un vrai «foutoir», dixit cette même cadre, alors qu’à l’époque, chaque branche du bloc central avait voulu se compter, et engranger des sous : chaque voix récoltée lors des législatives rapporte de l’argent au titre du financement public de la vie politique. Le député sortant, Gilles Le Gendre, élu depuis 2017, avait payé le prix de ses critiques à l’encontre du gouvernement : le parti présidentiel avait investi à sa place Jean Laussucq, ex-directeur de cabinet de Rachida Dati, la maire du VIIe arrondissement.

Côté LR, le parti avait envoyé Félicité Herzog, fille de l’alpiniste icône Maurice Herzog et directrice de la stratégie et de l’innovation chez Vivendi, le groupe de Vincent Bolloré. La petite boutique de David Lisnard, Nouvelle énergie, avait également investi son candidat, Romain Marsily.

La droite espère que la personnalité de l’ex-Premier ministre remette de l’ordre dans cet éparpillement du «socle commun», qu’il promouvait à Matignon. A moins que Rachida Dati s’en mêle ? Selon nos informations, Barnier l’a contacté la semaine dernière pour la prévenir de ses intentions. Et préparer un deal, «tapis rouge dans la circo» contre soutien aux municipales, comme l’imagine une cadre LR ?

Se déclarant en premier, Barnier prend l’avantage sur d’éventuels prétendants, au premier rang desquels Antoine Lesieur, suppléant de Jean Laussucq et proche conseiller de Gabriel Attal, qui attendait avec impatience la décision du Conseil constitutionnel. Conseillère de Paris dans le VIe arrondissement, Séverine de Compreignac, une proche de François Bayrou, a également montré de l’appétit. «A part Bayrou, Compreignac n’a pas de soutien, lâche la même cadre LR de la capitale. Face à un poids lourd, elle ne fait pas le poids.»

«C’est une circo en or !»

Fief de droite, à cheval sur l’intello et bourgeois Saint-Germain-des-Près et le (très) huppé VIIe arrondissement, la deuxième circonscription de Paris avait été choisie par François Fillon en 2012 après son départ de Matignon. «C’est une circo en or ! Tu ne t’emmerdes pas à distribuer des tracts sur les marchés, ça tombe tout cuit», se marre la même source LR. Pour ce scrutin, Barnier pourra compter sur le soutien d’élus parisiens, comme Marie-Claire Carrère-Gée, qu’il avait nommé dans son gouvernement, ou du chiraquien Francis Szpiner. Les sénateurs LR de Paris, à l’image de la patronne de la fédération, Agnès Evren, devraient également l’appuyer. En 2024, Jean Laussucq avait emporté le scrutin au deuxième tour avec 56 % des voix face à une candidate socialiste, Marine Rosset.

S’il remportait cette partielle, Barnier ferait un retour à l’Assemblée remarqué, aux côtés de Gabriel Attal, Laurent Wauquiez et Marine Le Pen, tous déjà rivés sur 2027. Reste à savoir ce qu’il ferait au Palais-Bourbon : siéger dans le groupe LR ? Reprendre les rênes à Wauquiez ? Ou monter son propre groupe ?