Post-rétropédalage. L’Assemblée nationale s’est largement prononcée (117 pour, 1 contre) ce jeudi 23 novembre en faveur d’une proposition de loi des groupes de la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons) prolongeant jusqu’au 31 décembre 2024 l’extension de l’utilisation des tickets-restaurants à tous les produits alimentaires – même s’ils ne sont pas directement consommables sans cuisson ou préparation (farine, pâtes, riz, œufs, poisson, viande, etc.).
Un début de fin pour la polémique qui a empoisonné Bercy en début de semaine dernière ? Le 13 novembre, une série d’articles avait enflammé les réseaux et fait réagir les associations de consommateurs : la date limite pour cette dérogation proposée - et adoptée - à l’été 2022 par le Sénat était toujours prévue au 31 décembre 2023.
Décryptage
Sous pression, le ministre de l’Economie et des Bruno Le Maire avait, dès le lendemain, affirmé qu’il se montrait «favorable» à une prolongation de la mesure «au-delà du 31 décembre 2023» car «l’augmentation des prix alimentaires reste très pénalisante pour des millions de nos compatriotes». La ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, avait ensuite promis que cette mesure allait «continuer tout au long de l’année 2024». «Rien ne changera pour les Français», avait-elle insisté sur M6.
Des restaurateurs en colère
Après l’Assemblée nationale, le Sénat doit encore se prononcer le 12 décembre sur une proposition de loi similaire, à l’initiative du groupe Les Républicains. Possible que ces derniers changent l’ordre du jour pour reprendre le texte voté ce jeudi par les députés. La dérogation – ainsi que la date butoir du 31 décembre 2023 – avait été mise en place en août 2022 via un amendement de la rapporteure du texte, la sénatrice Les Républicains Frédérique Puissat.
Le changement de pied de Bruno Le Maire a fortement déplu aux restaurateurs, qui s’inquiètent d’être de plus en plus concurrencés par la grande distribution sur l’utilisation des tickets-restaurants. Le chef étoilé Thierry Marx, également président de l’Umih – le premier syndicat de l’hôtellerie-restauration – a demandé à rencontrer la Première ministre, Elisabeth Borne.
Nés à la fin des années 1960 en France, les titres-restaurants sont utilisés aujourd’hui par plus de cinq millions de salariés pour régler des repas ou des prestations alimentaires chez quelque 234 000 commerçants.