La justice répond. Attaqué par Nicolas Sarkozy et ses soutiens après la condamnation de l’ancien Président à cinq de prison pour «associations de malfaiteurs», le Parquet national financier a décidé de contre-attaquer ce lundi 29 septembre. Invité sur la matinale de RTL, le chef de l’institution, Jean-François Bohnert, a assuré que le PNF n’a «pas de haine à exprimer» envers Nicolas Sarkozy ou quiconque. «Notre boussole, c’est le droit, c’est la règle de droit», a-t-il martelé.
Jean-François Bohnert a par ailleurs jugé «proprement insupportables et inadmissibles» les menaces visant depuis le jugement la présidente de la chambre correctionnelle qui a condamné Nicolas Sarkozy, des attaques dénoncées jusqu’au sommet de l’Etat et qui ont conduit à l’ouverture de deux enquêtes judiciaires. «On est en train de marcher sur la tête. Quand on vient critiquer avec violence et menace de mort un tribunal, c’est l’Etat de droit qui est menacé. Et l’Etat de droit, c’est le socle de la démocratie», a ajouté le chef du PNF.
Décryptage
En parallèle, le président du tribunal judiciaire de Paris Peimane Ghaleh-Marzban a pris la défense de l’institution au micro de France Inter. Ce qui «est une atteinte à l’Etat de droit, ce sont des menaces contre les juges» et non un jugement «rendu minutieusement», a-t-il dénoncé.
«Dans la pratique judiciaire, cinq ans d’emprisonnement, il y a très habituellement un mandat de dépôt» et «les menottes auraient dû être passées à la barre à M. Sarkozy», a encore argumenté Peimane Ghaleh-Marzban. Or, le fait d’assortir la décision d’un effet différé, «c’est justement avoir tenu compte de la situation professionnelle de Nicolas Sarkozy». «J’ai l’impression que les uns et les autres découvrent la réalité de la justice de notre pays. Mais tous les jours, allez en comparution immédiate, les personnes sont incarcérées alors qu’elles peuvent faire appel», a-t-il encore assuré.
Procès Sarkozy : "Ce qui est une atteinte à l'État de droit, ce sont les menaces contre les juges. C'est inacceptable et ça devrait être un électrochoc", pour Peimane Ghaleh-Marzban, président du tribunal judiciaire de Paris #LaGrandeMatinale pic.twitter.com/AiPhLyBeBE
— France Inter (@franceinter) September 29, 2025
Dans un entretien dimanche au bolloréen JDD après sa condamnation dans l’affaire libyenne assortie d’un prochain placement en détention, Nicolas Sarkozy a estimé que «toutes les limites de l’Etat de droit» avaient «été violées». Il a aussi dit que la décision avait été infligée par «haine» des magistrats.
Plusieurs responsables politiques de la droite, mais aussi de l’extrême droite, comme Marine Le Pen, ont remis en cause l’impartialité des magistrats, incriminant parfois leurs engagements syndicaux.
Deux enquêtes ouvertes
Après la condamnation de l’ancien chef de l’Etat, la présidente de la chambre correctionnelle du tribunal de Paris, qui a ordonné l’incarcération prochaine de Nicolas Sarkozy, a été la cible de menaces. Le parquet de Paris a ouvert vendredi deux enquêtes à la suite de «messages menaçants» visant la présidente qui a énoncé jeudi le jugement.
Selon le secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des magistrats (USM) Aurélien Martini, la magistrate est visée par des menaces de mort et d’agression violente sur les réseaux sociaux, où sa photo est publiée.