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Au Comptoir de Chez Pol

Laurent Wauquiez fait chanter la macronie sur les postes clés à l’Assemblée nationale

Indiscrétions piquantes, maladresses vaches ou douces confessions : chaque jour, retrouvez les brèves qui auscultent le monde politique.
Laurent Wauquiez, à l'Assemblée nationale, le 1er octobre 2024. (Albert Facelly/Libération)
publié le 2 octobre 2024 à 12h57

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L’art du deal

La nomination du gouvernement Barnier a des conséquences directes sur l’Assemblée, rouvrant trois mois après le début de la législature le bal des prétendants. Le cas d’Annie Genevard est parlant. Car la nouvelle ministre de l’Agriculture est aussi, jusqu’à ce qu’elle démissionne, vice-présidente de la Chambre basse. Un poste important, notamment vu le contexte politique, et que certains convoitent déjà. Mardi, France 3 nous apprenait que le groupe Droite républicaine (DR) présidé par Laurent Wauquiez avait désigné la députée apparentée Virginie Duby-Muller comme candidate pour remplacer Genevard. De leur côté, les partis du «bloc central» ont choisi leurs candidats respectifs pour les présidences de commissions bientôt laissées à l’abandon par les nouveaux ministres. On se dirigerait donc vers un joli statu quo où les postes à responsabilité du Palais-Bourbon resteraient dans les mêmes camps ? Pas si sûr. Un certain Laurent Wauquiez ne l’entend pas de cette oreille. Le président du groupe DR souhaite, selon le Canard enchaîné, récupérer la commission des affaires économiques. Une envie qui fout le bazar dans tout l’équilibre de la Chambre basse ? Wauquiez s’en moque. Mardi 1er octobre, selon l’hebdo satirique, il a prévenu le «bloc central» : «Si je n’ai pas la commission des affaires économiques, mes députés ne voteront pour aucun de vos candidats aux postes en jeu.» Mais dites donc, on n’appellerait pas ça du chantage ?

Laisse pas traîner ton poste

Une chose peut aller dans le sens de Wauquiez : les élections pour les différents postes ne sont pas programmées dans l’immédiat. La raison est simple. Pour que ces élections aient lieu, il faut que les titulaires aient d’abord démissionné de leur poste – ce qui n’est pas le cas. Certains traînent des pieds. Selon la Lettre ce mercredi matin, Genevard tarde ainsi à transmettre sa démission de la vice-présidence de l’Assemblée et attendrait que les suppléants des ministres aient pris leurs fonctions au Palais-Bourbon. Tant que ces suppléants ne seront pas en poste, leurs voix manqueront pour l’élection de la vice-présidence. Et le cas Genevard n’est pas isolé. Mardi, le groupe LFI a ainsi annoncé, dans un communiqué, saisir le Conseil constitutionnel pour l’interroger sur la «situation de cumul» des mandats des ministres Antoine Armand (Economie) et Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique), respectivement président du bureau de la commission des affaires économiques et secrétaire du même bureau. Les insoumis fustigent une manœuvre du groupe macroniste «qui craint de perdre la présidence» et s’organise avec des «tractations de couloir avec LR et l’extrême droite». Et dire que si le gouvernement Barnier tombe dans quelques semaines, il faudra tout reprendre à zéro…

Zen machine

La déclaration de Michel Barnier ce mardi était une masterclass de sobriété. Quasi une séance d’ASMR. Débit lent, sans aucune envolée lyrique pourtant propre à cet exercice. Mais pour les proches du Premier ministre, il n’y a eu aucune surprise à cette allocution un peu lénifiante. Conseiller de Barnier à Matignon, l’ancien eurodéputé Les Républicains Arnaud Danjean juge que le Premier ministre a toujours été «méprisé» et «sous-estimé» par ses pairs. Notamment à cause de sa capacité à ne pas faire trop de vagues, à ne pas créer et rechercher le buzz. Ce que Danjean explique, dans le Nouvel Obs, par le fait que «Michel n’est pas dans le champ médiatique, il ne colle pas avec le style politique parisien : mauvais orateur, pas drôle dans les dîners, pas adepte des petites phrases ou des fuites dans le Canard enchaîné». Sympa. S’il n’est pas un grand orateur, Barnier sait toutefois distribuer des claques dans ses réponses, tant à ses alliés qu’à ses adversaires. Mais tout en rondeur. L’ancien élu Modem Jean-Louis Bourlanges, qui le connaît bien, résume ainsi : «C’est une machine à ne pas se faire d’ennemis.» Ce qui ne durera peut-être pas.

Club du 3e sage

C’est un peu un remake de la querelle des modernes et des anciens, à la sauce sénateurs LR. Un temps pressenti pour prendre la tête du groupe LR du Sénat en succession de Bruno Retailleau avant de renoncer, l’ancien ministre sarkozyste Roger Karoutchi a annoncé mardi le lancement d’un «club» des «Sages du Palais». «Un club d’échanges entre sénateurs expérimentés», développe auprès de l’AFP celui qui a retiré sa candidature, permettant l’élection à la tête du groupe de la droite de Mathieu Darnaud, 49 ans, sénateur de l’Ardèche et proche du président du Sénat Gérard Larcher. Faut-il y voir une réplique après ce soubresaut interne, animé notamment par une large envie de «renouvellement» chez les sénateurs de droite ? «Certains veulent être pratiquants du wokisme, d’autres du jeunisme agressif, d’autres d’un dégagisme exacerbé… Nous voulons aussi exister. J’ai toujours été pour le renouvellement, mais cela doit se faire en respectant les qualités et les compétences de chacun», détaille Karoutchi, 73 ans, qui assure avoir déjà rassemblé 35 «Sages du Palais» au sein de son groupe LR, sur une cinquantaine de collègues sollicités.