Voilà un an et demi que le sénateur Joël Guerriau est mis en examen, soupçonné d’avoir administré de la drogue à son insu à la députée macroniste Sandrine Josso. Elle l’accuse d’avoir tenté d’utiliser cette soumission chimique pour l’agresser sexuellement. Lui parle «d’erreur de manipulation». Le parlementaire a été suspendu par son parti Horizons, par son groupe parlementaire Les Indépendants, s’est mis «en retrait de la participation aux travaux parlementaires». Mais a exclu de démissionner. Dans un courrier de son avocat, dont l’AFP a obtenu une copie ce jeudi 26 juin, l’élue a demandé au président du Sénat, Gérard Larcher, des «éclaircissements» sur les «mesures» envisagées à l’encontre du sénateur.
«Se cacher derrière la séparation des pouvoirs n’est pas un argument entendable au regard des pouvoirs disciplinaires offerts à la Haute Chambre», écrit le conseil de Sandrine Josso dans le document daté du 23 juin. «En cas de manquement aux obligations de dignité, de probité et d’intégrité, des sanctions telles que la censure et l’exclusion temporaire peuvent être envisagées. Vous ne pouvez ignorer la nature des faits qui lui sont reprochés», poursuit Arnaud Godefroy en s’adressant directement au président du Sénat.
Nouveau témoignage
Car Gérard Larcher a toujours expliqué que seul le Conseil constitutionnel pouvait déchoir un sénateur de son mandat, tout en assurant publiquement qu’il rappellerait à Joël Guerriau la «nécessité de se démettre de son mandat». Sollicitée par l’AFP ce jeudi, la présidence du Sénat n’avait pas réagi dans l’immédiat à ce courrier. De son côté, le sénateur de Loire-Atlantique avait jugé en septembre qu’il aurait été «totalement injuste» de quitter ses fonctions alors que la justice n’avait pas encore «tranché».
Le dossier a connu un nouveau développement ces derniers jours, après la diffusion de l’émission Complément d’enquête sur France 2. Les journalistes ont révélé un autre témoignage à l’encontre du sénateur, d’une femme qui l’accuse d’une agression en 2022. Pas de quoi déstabiliser l’élu, qui nie les faits et en a profité pour raconter s’être récemment rendu «à la buvette du Sénat», où il aurait été «très bien reçu».