Le député RN Emmanuel Taché va devoir mettre à jour sa fiche Wikipédia, et fissa. L’élu d’extrême droite de 50 ans est sommé d’abandonner la particule «de La Pagerie» qu’il avait accolée à son patronyme, la justice ayant estimé que cela entachait le nom la vraie famille Tascher de La Pagerie, selon une décision consultée ce samedi 13 septembre.
Né le 20 février 1975 à Montreuil (Seine-Saint-Denis) sous le nom d’Emmanuel Taché, le député Rassemblement national des Bouches-du-Rhône depuis 2022 se présente publiquement sous ce nom soi-disant noble de «Taché de la Pagerie», déclarant en faire un usage «paisible» et «continu» depuis les années 90.
Le député a expliqué avoir adopté ce nom, découvert en 1994, «afin de se démarquer dans le milieu professionnel dans lequel il évoluait», notamment dans les secteurs de la haute couture et de l’audiovisuel.
L’illusion a perduré jusqu’en 2022, année où trois descendantes de la véritable lignée Tascher de La Pagerie ont saisi la justice, estimant que l’utilisation de leur patronyme par le député, sans lien familial, et notamment à des fins politiques, leur portait préjudice.
Les requérantes soulignent que leur patronyme est issu de la noblesse française de l’Ancien régime. Elles comptent notamment dans leur lignée la première épouse de Napoléon Ier, Joséphine de Beauharnais, née Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie.
«Proximité visuelle et auditive»
Dans un jugement rendu vendredi, le tribunal de Lille a noté que ce patronyme n’était «pas commun» et qu’il permettait de s’identifier directement comme membre de la famille Tascher de La Pagerie.
Les juges ont également estimé qu’en raison «de la proximité visuelle et auditive» du nom de famille Taché avec Tascher, le nom «de La Pagerie» accolé à celui du député avait «pu causer une confusion auprès des tiers […] et créer un préjudice» aux requérantes.
Le tribunal a donc ordonné à l’élu RN de cesser d’utiliser le nom qui n’est pas le sien, sous astreinte de 200 euros par infraction constatée «à compter du mois suivant la signification du jugement», et de publier ce dernier sur sa page Facebook pendant 90 jours. Emmanuel Taché a en outre été condamné à verser 5 000 euros de dommages et intérêts aux trois requérantes. Le juge a prononcé l’exécution provisoire, c’est-à-dire immédiate. De quoi l’obliger à vite tourner la page.