Malgré un dérapage budgétaire, le gouvernement continue de vouloir investir. Dans le cadre du débat parlementaire sur le budget 2025, il a présenté, mardi 12 novembre, un amendement prévoyant un soutien d’1,55 milliard d’euros pour la décarbonation de l’industrie. «Un élément essentiel de notre stratégie économique, a justifié le ministre de l’Economie, Antoine Armand. Elle nécessite des investissements privés et publics d’ampleur».
Reportage
Pour Bercy, cet amendement est un enjeu de «compétitivité» pour l’industrie dans «un contexte économique difficile pour certains secteurs industriels», alors que plusieurs suppressions d’emplois ont déjà été annoncées dans l’automobile ou la chimie. Un financement supplémentaire qui devrait aussi être «une brique majeure de l’atteinte [des] objectifs climatiques», a affirmé la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
81 projets recensés
Outre le financement de la construction d’usines de batteries, d’électrolyseurs pour produire de l’hydrogène gazeux, de réseaux de captage de CO2 ou de champs éoliens, ces investissements «permettront par ailleurs de sécuriser la présence des sites industriels sur des secteurs très émetteurs dans la durée, alors qu’ils sont soumis à une forte concurrence internationale, pouvant profiter du caractère moins-disant en matière environnementale, sociale et sur le prix du carbone», souligne l’amendement publié sur le site de l’Assemblée nationale. Un recensement a déjà permis d’identifier 81 projets industriels majeurs de décarbonation, d’après Bercy. Notamment auprès des 50 sites qui totalisent près de 60 % des émissions de carbone de l’industrie.
Analyse
Cet amendement a été déposé à l’identique par le vice-président de l’Assemblée nationale et ancien ministre de l’Industrie Roland Lescure. Ce dernier est le signataire, avec des élus de tous bords comme Yannick Jadot et Valérie Pécresse, d’une tribune dans La Tribune Dimanche qui demandait au gouvernement de maintenir les aides publiques aux entreprises pour la décarbonation de l’industrie dans le budget 2025.
Le ministère de l’Economie a indiqué à l’AFP que le texte serait examiné par le Sénat dans le cadre du «volet dépenses», après le rejet mardi par l’Assemblée nationale, avec les voix de la coalition gouvernementale et du RN, du projet de loi que la gauche a contribué à largement réécrire.