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Tensions

Le gouvernement reporte la réunion avec les élus de Corse en raison des violences

Après de nouveaux débordements en marge d’une manifestation pour Yvan Colonna à Ajaccio, le ministère de l’Intérieur ne souhaite pas faire preuve de «complaisance vis-à-vis de la violence». Lundi matin, Emmanuel Macron a jugé ces heurts «inacceptables».
Heurts à Ajaccio en marge d'une manifestation dimanche. (Pascal Pochard-Casabianca/AFP)
publié le 4 avril 2022 à 15h05

«Les conditions d’un dialogue normalisé n’étaient guère réunies», selon l’entourage de Gérald Darmanin. La réunion envisagée le 8 avril à Paris entre élus corses et gouvernement sur l’avenir institutionnel de l’île est reportée en raison des violences survenues dimanche lors de la manifestation de soutien à la famille d’Yvan Colonna. Un courrier en ce sens a été adressé à Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse, ajoute-t-on dans l’entourage du ministre de l’Intérieur.

L’annonce de ce report intervient après que le président-candidat Emmanuel Macron a jugé «inacceptables» les violences survenues dimanche en Corse et assuré qu’il n’y aurait «pas de discussion» sans «retour à l’ordre préalable», dans une interview sur France Inter ce lundi matin. Cette réunion du 8 avril à Paris avait été annoncée par Gilles Simeoni mais jamais confirmée par le ministère de l’Intérieur.

«Complaisance»

Dimanche, une manifestation pour Yvan Colonna, condamné pour le meurtre du préfet Claude Erignac et mortellement agressé en prison par un autre détenu le mois dernier, a dégénéré en violents affrontements à Ajaccio. Gille Simeoni a participé à cette manifestation. D’autres violences entre manifestants et forces de l’ordre ont également été signalées à Bastia.

«Au cours des deux dernières semaines, 43 actions ou manifestations se sont déroulées, quasiment toutes émaillées de débordements violents, en présence d’élus pourtant censés participer aux discussions prévues à Paris», a fait valoir l’entourage de Gérald Darmanin. «Au total, ce sont près de 60 blessés, tant parmi les forces de l’ordre que les manifestants, qui n’ont d’ailleurs fait l’objet d’aucune condamnation publique, a ajouté la même source. Ces événements sont inacceptables tant pour la démocratie, qui ne saurait faire preuve de complaisance vis-à-vis de la violence, que pour les Corses eux-mêmes, qui désapprouvent ces événements.»

Lors de sa visite en Corse, du 16 au 18 mars, peu avant la mort d’Yvan Colonna (le 21 mars), le ministre de l’Intérieur s’était engagé à ouvrir «dès la première semaine du mois d’avril» des négociations sur «l’ensemble des problématiques corses», dont «l’évolution institutionnelle vers un statut d’autonomie restant à préciser».

Il avait également promis le «prompt rapprochement en Corse, dans les prochaines semaines», de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, les derniers membres du commando Erignac encore incarcérés. Les deux hommes, incarcérés à Poissy (Yvelines), ont signé vendredi leur ordre de transfèrement à la prison de Borgo.