(Cet article est un extrait de Chez Pol, notre newsletter politique quotidienne réservée aux abonnés)
Quand les macronistes accusent leurs adversaires de «faire de la politique», c’est généralement qu’ils ne sont pas contents. L’agacement vient cette fois du vote contre la ratification du Ceta jeudi 21 mars au Sénat. Adopté par l’Assemblée en 2019 avec une courte majorité à une cinquantaine de voix près, le traité de libre-échange avec le Canada n’avait jamais poursuivi sa navette parlementaire vers la chambre haute. Dans le contexte d’une crise agricole dont le feu n’est pas tout à fait éteint, les sénateurs communistes ont donc eu l’idée de l’inscrire dans leur niche. Et la droite, majoritaire au Palais du Luxembourg, a appuyé la gauche unie pour voter contre le texte.
La logique de la procédure voudrait donc que celui-ci revienne désormais à l’Assemblée pour être soumis à un nouveau scrutin. Et alors que l’exécutif refuse toujours de l’inscrire à l’agenda, les rouges, eux, dégainent à nouveau la même parade : le mettre dans leur niche, prévue le 30 mai. C’est-à-dire dix jours avant les européennes. «C’est un coup politique du PCF dans un contexte électoral», peste un conseiller ministériel, qui refuse d’anticiper un nouveau rejet dans l’hémicycle.
Rapports de force défavorables
Les rapports de force sont pourtant défavorables. Les Républicains avaient déjà majoritairement voté contre en 2019, la gauche parle d’une même voix pour dénoncer les traités de libre-échange, et le Rassemblement national en a fait son nouveau cheval de bataille sur l’agriculture. Reste au camp présidentiel à éprouver sa majorité relative, dont même certains membres peuvent être tentés de retoquer la ratification.
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D’ici fin mai, la stratégie de l’exécutif devrait donc consister à argumenter sur le fond, pour convaincre l’opinion publique et les députés des bienfaits du Ceta. Ces derniers jours, on a effectivement vu le très discret ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Franck Riester, débarquer sur les plateaux pour fustiger «des stratégies politiciennes» et défendre un accord qui permet de «mieux exporter». «On va apporter des éléments chiffrés supplémentaires, pour démontrer l’utilité du Ceta», insiste le même conseiller cité plus haut.
Et en cas de rejet ? La tête de liste Renaissance aux européennes, Valérie Hayer, répond ce lundi 25 mars sur France Info que le gouvernement «pourrait» tout de même faire en sorte que le traité continue de s’appliquer. «On ne fait pas de politique-fiction, on attend le résultat du vote et on voit. On ne s’exprime pas sur ce qui se passe après», se borne-t-on pourtant à nous répondre du côté de l’exécutif. Sauf qu’après, ce sera le tour des Français de voter… pour élire leurs eurodéputés.