Le nom de Félix Faure n’évoque pas grand-chose, hormis une station de métro, une avenue débouchant sur la place Balard à Paris, ou d’autres rues dans d’autres villes de France. Et souvent sa fin brutale. Cet homme de 58 ans, au physique d’athlète un peu arrondi, à l’énergie débordante qui le fait appeler «le Président Soleil», fut abattu par un coup de foudre. Terrassé en trois heures. «Apoplexie», un mot d’époque, dira la communication officielle. Le site actuel de l’Elysée refait la chronologie avec sobriété, qui le montre artisan d’une alliance avec le tsar Nicolas II et de la défaite de Fachoda : «16 février 1899, Félix Faure décède brusquement au palais de l’Elysée.» Mais la légende veut qu’il soit mort d’amour ou plutôt d’épectase, orgasme fatal, dans les bras de sa «cocotte», autre mot répandu alors. On raconte même que l’expiration présidentielle arriva en pleine fellation, les mains crispées sur la belle chevelure sombre de sa maîtresse. Une autre version ne lui laisse pas le temps de goûter au plaisir avant l’agonie : également qualifiée de demi-mondaine, Marguerite Steinheil se retrouve à appeler au secours sans s’être dévêtue, avant de s’éclipser. Entrée sans le vouloir dans la longue et tumultueuse histoire des relations entre pouvoir et sexe, et sortie par une porte dérobée, «Meg», rebaptisée cyniquement «pompe funèbre», fera encore parler d’elle.
«Audiences particulières»
Ce jeudi-là devait se dérouler comme du papier à musique élyséen. Félix Faure était connu pour être un