Une matinée de juin, quelques jours après la dissolution. Au Sénat, dans son vaste bureau donnant sur le jardin du Luxembourg, le patron de la droite sénatoriale parle d’un «caprice» du chef de l’Etat. Envoyer valdinguer les députés procède d’un «péché d’orgueil de quelqu’un qui a pris une gifle aux européennes», rumine le sénateur de la Vendée. Son camp, avec 7 % des voix, est lui aussi sorti en miettes des européennes. Se relèvera-t-il d’une énième rouste ? «Notre organisation est morte, il va falloir la refaire. Ça peut aller vite ! Souvenez-vous du PS. En 1993, ils avaient 50 députés. Quatre ans plus tard, ils ont une majorité absolue et imposent une cohabitation avec Jospin à Matignon.»
Trois mois et demi après le coup de théâtre macronien, Les Républicains ont décroché Matignon. C’est allé (très) vite. A 63 ans, celui qui n’a jamais été ministre reçoit, lui, l’Intérieur – le plus gros maroquin décroché par la droite. Et le symbole d’une droitisation à marche forcée qui fait hurler la gauche, et crispe même les macronistes. Tête de pont LR dans ce futur gouvernemen