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Le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau soupçonné de favoritisme

L’édile Les Républicains est soupçonné de ne pas avoir respecté la procédure d’appel d’offres pour attribuer un marché public, selon France Info. Une affaire s’ajoutant à celle du chantage intime dont l’accuse l’un de ses anciens adjoints.
Le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, le 18 septembre 2022. (Olivier Chassignole/AFP)
publié le 26 septembre 2022 à 11h25
(mis à jour le 26 septembre 2022 à 13h48)

La chute de la maison Perdriau à Saint-Etienne ? Déjà fragilisé par l’affaire du chantage à la sextape dont l’accuse l’un de ses adjoints, le maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau se voit ébranlé par une nouvelle affaire. L’édile stéphanois est soupçonné d’avoir favorisé une entreprise dans l’attribution d’un marché public, sans respecter la procédure d’appel d’offres, selon une information de France Info.

Ce soupçon de favoritisme s’inscrit dans le cadre de la politique culturelle de la ville, que Perdriau dirige depuis 2014. La société en question, dénommée «C’Kel Prod» et spécialisée dans l’organisation de spectacles, aurait été sollicitée par la municipalité pour l’opération «pass loisirs seniors». Mise en place pour la première fois en 2008, cette politique publique propose aux personnes de plus de 62 ans des tarifs préférentiels pour des événements culturels, sportifs, etc. Cette société est dirigée par Simon Javelle et Marie Zambardi. Cette dernière a publiquement affiché son soutien à Perdriau lors des élections municipales de 2020, comme l’indique France Info. Selon le Progrès, l’entreprise est «derrière une grande partie» des spectacles organisés à Saint-Etienne.

Plusieurs anomalies pour la mise en concurrence

Deux contrats passés entre la mairie et la société seraient litigieux. Des événements organisés au Zénith de Saint-Etienne pour la saison 2020-2021 : un concert de Serge Lama et une représentation du «Plus grand cabaret du monde», le spectacle de l’animateur Patrick Sébastien. Selon France Info, ce marché aurait été «saucissonné» avant son attribution et deux délibérations différentes ont été rendues en conseil municipal pour la même entreprise. Une pratique inhabituelle.

Autre anomalie, l’absence d’appel d’offres pour l’organisation du «Plus grand cabaret du monde». Son budget a été chiffré à 41 964 euros hors taxes. Or selon la loi, au-delà de 40 000 euros, une mise en concurrence est obligatoire. Pour justifier cette absence d’appel d’offres, la municipalité s’est appuyée sur un article du code de la commande publique selon lequel la «création ou l’acquisition d’une œuvre d’art ou d’une performance artistique unique» ou «l’existence de droits d’exclusivité» ne nécessite pas de mise en concurrence. Or le spectacle en question n’a pas été créé par la société «C’Kel Prod» mais par l’animateur Patrick Sébastien.

Le sujet de ces soupçons de favoritisme dans l’attribution de ces contrats pourrait être abordé lors du conseil municipal de ce lundi soir. Interrogé lors d’un point presse avant le conseil, Gaël Perdriau a déclaré être «pleinement à sa tâche». «Je ne demande qu’une chose, à mes collègues de continuer à travailler comme ils l’ont toujours fait depuis le début du mandat et à vous, comme aux autres, de respecter la présomption d’innocence», a ajouté l’édile, à propos de l’autre affaire dans laquelle il est impliqué.

Affaire du chantage à la sextape

Depuis la fin du mois d’août, le maire de Saint-Etienne est déstabilisé par une affaire de chantage politique à la sextape révélée par Mediapart. La victime est un adjoint de Gaël Perdriau, le centriste Gilles Artigues, un élu dont le maire de Saint-Etienne redoutait les ambitions politiques. En 2014, l’adjoint au maire a été filmé à son insu en compagnie d’un escort. Depuis, il faisait l’objet d’un impitoyable chantage attribué par Mediapart à Perdriau et à plusieurs de ses collaborateurs, dont son directeur de cabinet.

Le parquet de Lyon a depuis ouvert une information judiciaire pour «atteinte à l’intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par une personne chargée d’une fonction publique, abus de confiance et recel de ces infractions» après une plainte de Gilles Artigues. Gaël Perdriau a été placé en garde à vue le 13 septembre, en même temps que son adjoint l’accusant, son adjoint à l’éducation et son directeur de cabinet.

S’il a toujours assuré n’avoir pas commandité la sextape et n’avoir pas utilisé ces images pour faire pression sur ce centriste connu pour son engagement catholique, Perdriau a été une nouvelle fois mis en cause par des enregistrements audio accablants révélés par Mediapart mi-septembre. Dans l’un d’eux, on peut entendre le maire de Saint-Etienne dire la phrase suivante à propos de la vidéo tournée à l’insu de son adjoint : «Une fois que c’est sur les réseaux, ce n’est plus du chantage, c’est une exécution.»

Mis à jour à 13 h 48 avec les propos de Gaël Perdriau.