Menu
Libération
Coup de froid dans le Var

Le maire de Toulon Hubert Falco condamné à trois ans de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité

L’affaire du «frigo de Falco» a coûté à l’homme fort du Var ses mandats de maire et président de métropole, ainsi qu’une peine de trois ans de prison avec sursis pour recel de détournement de fonds publics.
Le maire de Toulon, Hubert Falco (G), arrive avec son avocat Thierry Fradet, pour son procès pour détournement de fonds, au palais de justice de Marseille, dans le sud de la France, le 12 avril 2023. (Christophe Simon/AFP)
publié le 14 avril 2023 à 17h51

Fini l’open bar pour le baron du Var. Vendredi 14 avril, Hubert Falco a été condamné pour à trois ans de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité applicables immédiatement, ce qui lui coûte ses mandats de maire de Toulon et président de la métropole Toulon-Provence-Méditerranée. Le tribunal correctionnel de Marseille l’a reconnu coupable de recel de détournement de fonds publics, pour avoir continué à déjeuner gratuitement à la cafétéria du Conseil départemental, alors qu’il n’en était plus président depuis plus de dix ans, et d’avoir profité, avec son épouse employée au département du Var, de repas à domicile et de frais de pressing, réglés eux aussi sur des deniers publics. Un réfrigérateur avait même été dédié aux mets destinés au couple, d’où le surnom de «frigo de Falco» donné à l’affaire.

La combine a laissé une note salée aux contribuables : au moins 64 500 euros engloutis par le couple entre 2015 et 2018, selon les enquêteurs. Soit 1 500 euros par mois. Un «vrai scandale» s’était outré le procureur de la République Mathieu Vernaudon. Considérant qu’Hubert Falco a «complétement bafoué» son devoir d’exemplarité, le tribunal a suivi ses réquisitions du procureur concernant les peines prononcées, tout en approuvant la réquisition de 55 000 euros saisis pendant l’enquête sur les comptes du désormais ex-maire de Toulon, âgé de 75 ans.

Pendant le procès, Hubert Falco avait démenti fermement que des repas avaient été préparés spécialement pour lui, comme l’en accusait entre autres Laurent Defraize, ex-responsable des cuisines du département, un témoin qui s’est suicidé depuis. Hubert Falco avait néanmoins reconnu avoir déjeuné au Conseil général «parce qu’[il] devait travailler avec le président» de la collectivité de l’époque, Marc Giraud. Ce dernier avait été contraint d’abandonner son fauteuil en 2022, après une autre condamnation pour détournement de fonds publics. Il a à nouveau été condamné, ce vendredi, pour les mêmes motifs mais cette fois-ci dans «l’affaire du frigo», à deux ans de prison avec sursis, 15.000 euros d’amende et cinq ans inéligibilité.

Avant que le tribunal ne parte délibérer, Hubert Falco s’était dit «blessé» à la perspective qu’on lui enlève ses mandats. Imaginer ne plus pouvoir «participer à la vie de ma ville, de mon pays, c’est la pire condamnation pour moi», avait-il ajouté. «C’est quarante ans d’une vie qui sont en jeu», avait plaidé l’avocat du maire de Toulon, Me Thierry Fradet, en demandant la relaxe. En tout cas, depuis vingt ans, Hubert Falco, ex-LR rallié à Emmanuel Macron, avait su se rendre incontournable dans le Var : édile de Toulon depuis 2001 (en fauchant la ville au Front national), président de la métropole, ex-président du département de 1994 à 2002 et décoré des insignes de chevalier de la Légion d’honneur en octobre 2020 par Edouard Philippe. Avec sa condamnation, c’est bien un empire qui s’effondre.