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Le Medef «ne participera pas» à la conférence Travail et Retraites

L’organisation patronale a fait savoir, mardi 4 novembre, qu’elle ne prendrait pas part aux débats organisés entre les partenaires sociaux promis par Sébastien Lecornu lors de sa déclaration de politiques générale.

Patrick Martin, le president du MEDEF, à la Fête de l'Humanité, le 12 septembre 2025. (Valérie Dubois/Hans Lucas via AFP)
Publié aujourd'hui à 13h41, mis à jour le 04/11/2025 à 14h49

La conférence Travail et Retraites, qui s’est ouverte ce mardi 4 novembre par une réunion de méthode, ambitionne de faire progresser le dialogue social sur ces sujets épineux et d’alimenter les débats en vue de la campagne présidentielle, mais se fera sans la première organisation patronale, le Medef, qui a fait savoir qu’il n’y «participera pas».

Cette conférence, voulue par le Premier ministre après l’annonce de la suspension de la réforme des retraites de 2023, «est un lieu de débat et pas de négociation», a expliqué le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou à des journalistes. Ce dernier l’a présentée comme «une démarche de dialogue social qu’on souhaite mettre à côté du débat politique», lequel prendra le relais une fois que la conférence sera close à l’été 2026, «pas très loin du début de la campagne pour l’élection présidentielle».

Sept organisations syndicales et six patronales réunies

«Les écuries présidentielles, si elles le souhaitent, auront un matériau sur un sujet central pour le pays dont elles pourront s’emparer», selon Jean-Pierre Farandou qui veut davantage que par le passé lier les sujets travail et retraites. Alors que le relèvement programmé de l’âge de départ à 64 ans reste très impopulaire, le ministre s’est interrogé : «Ces deux ans de travail, qu’est-ce qu’il y a derrière qui font qu’ils apparaissent aussi compliqués à accepter pour les salariés ?».

Sept organisations syndicales et six patronales se sont réunies au ministère du Travail où Jean-Pierre Farandou et le ministre de la Fonction publique leur ont proposé une méthode et un calendrier. Les débats se dérouleront au Conseil économique, social et environnemental (Cese) en présence des partenaires sociaux et d’experts, avec une première session plénière avant la fin de l’année suivie de trois ateliers qui se tiendront tous les mois ou mois et demi. Les retraites du privé et celles du public seront abordées séparément.

«Des années que le Medef n’a rien à dire» sur le travail

«Le Medef a signifié qu’il ne participerait pas» à cette nouvelle conférence, a fait savoir la première organisation patronale à l’AFP, précisant que «c’est une décision unanime de [ses] instances». Selon l’organisation, «il y a un agenda social autonome qui a été défini par les partenaires sociaux» et «dans ce cadre, on souhaite traiter de sujets comme le financement de la protection sociale ou du modèle productif», a poursuivi l’organisation, estimant que cet agenda «n’est pas indexé sur des échéances politiques». En outre, «le débat budgétaire qui conduit à augmenter très fortement les prélèvements sur les entreprises n’est pas de nature à installer la confiance», juge l’organisation.

«Ce n’est pas une surprise, ça fait des années que le Medef n’a rien à dire sur les questions de travail mais je trouve ça incompréhensible […] dans une période de crise», a jugé la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon. Son syndicat «utilisera cet espace pour faire valoir les attentes et les engagements qui ont pu être pris précédemment», a-t-elle ajouté, estimant que la conférence va permettre de «remettre le sujet du travail, de l’emploi et des retraites dans le bon sens».

Absente mardi, la CGT a de son côté prévenu qu’elle refusera de «tenir les chandelles entre celles et ceux qui veulent un système à points [prôné par la CFDT] et ceux qui veulent la capitalisation», notamment au sein des organisations patronales, a prévenu sa cheffe de file Sophie Binet. «Je ferme la porte sur la retraite à points», a également déclaré lundi le secrétaire général de FO Frédéric Souillot, dont l’organisation sera représentée par sa numéro deux Patricia Drevon. Côté patronal, seule l’U2P, qui représente les très petites entreprises (TPE), a envoyé son président Michel Picon. La CPME a elle aussi dépêché son négociateur, Eric Chevée, mais son président Amir Reza-Tofighi, absent pour «un problème d’agenda», a affirmé que son organisation était «très volontaire pour participer aux travaux».

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