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Rétropédalage

Le ministère de la Fonction publique contredit Emmanuel Macron sur le statut des fonctionnaires

Alors que le président de la République avait répondu «oui» à la question de savoir s’il fallait supprimer le statut de fonctionnaire dans les hôpitaux et les collectivités lors de l’émission sur TF1 mardi soir, l’administration concernée temporise ce mercredi 14 mai, faisant savoir qu’il n’y aurait «pas de réforme statutaire envisagée à ce stade».
Emmanuel Macron lors de l'émission de TF1 «les Défis de la France», mardi 13 mai 2025. (Stéphane Lagoutte/Myop.Libération)
publié le 14 mai 2025 à 17h19

C’était l’une des séquences les plus confuses au cours des trois heures que le chef de l’Etat a passé sur le plateau de TF1 mardi soir. Après des échanges houleux avec la patronne de la CGT, Sophie Binet, sur la réforme des retraites, c’est au tour de la lobbyiste ultralibérale Agnès Verdier-Molinié de venir cuisiner Emmanuel Macron sur le déficit public, en lui livrant un étrange questionnaire. Des mesures censées résorber la dette de l’Etat sont alors soumises pêle-mêle à son approbation, telles qu’un chantier de fusion de la carte Vitale avec la carte d’identité.

Sommé de répondre du tac au tac sur des dossiers éminemment techniques, le Président tergiverse, mais finit tout de même par donner son avis. «Supprimer le statut à vie pour les embauches des agents des collectivités et des hôpitaux comme vous avez fait pour la SNCF en 2018, on comprend pas pourquoi vous l’avez pas fait pour les collectivités et les hôpitaux ?» l’interpelle ainsi Agnès Verdier-Molinié. «Je pense qu’il faut continuer à moderniser ces fonctions publiques», réagit le locataire de l’Elysée d’un ton monocorde. «Donc c’est un oui, avec réserve, mais c’est un oui», conclut le journaliste Gilles Bouleau.

«Démagogie»

Mais quelle valeur accorder à cette prise de position ? Comme sur pleins d’autres sujets de politique intérieure abordé tout au long de l’émission, la parole d’Emmanuel Macron revêt surtout une dimension symbolique, puisque son camp, même en coalition avec la droite, ne dispose pas d’une majorité à l’Assemblée nationale pour faire voter tout ce qu’il voudrait. Interrogé par l’AFP ce mercredi 14 mai, le ministère de la Fonction publique semble rétropédaler. Ou en tout cas ne s’engage à rien de précis. Il «n’est pas envisagé à ce stade de réforme statutaire», indique-t-on à l’agence. Même si «des actions pour continuer à moderniser la fonction publique, simplifier son fonctionnement, la rendre attractive et améliorer son efficience sont engagées». De son côté, le ministre de la Fonction publique, Laurent Marcangeli, membre du parti d’Edouard Philippe, Horizons, dont il a été le chef de file au Palais-Bourbon, est pour l’heure resté silencieux.

La déclaration d’Emmanuel Macron a entraîné quelques réactions de syndicats et de représentants de collectifs d’agents publics, inquiets d’une éventuelle remise en cause du statut des 1,9 million d’agents territoriaux et des 1,2 million d’agents hospitaliers. «Supprimer le statut des fonctionnaires ne diminuera pas le déficit public. C’est un mensonge», avait notamment écrit Johan Theuret, porte-parole du collectif d’agents Sens du service public, appelant à cesser «la démagogie».

Pour Solidaires Fonction publique, «cette nouvelle attaque n’est pas admissible», et «personne ne doit se sentir à l’abri de cette attaque», pas même les agents de la fonction publique de l’Etat (2,5 millions d’agents). Le statut «n’est pas un avantage indu accordé aux fonctionnaires, mais bien une mesure protégeant la population de toute mesure arbitraire, l’assurant d’un égal accès sans discrimination aux services publics et mettant à l’abri […] les agentes et agents publics des pressions économiques et politiques», a écrit l’organisation dans un communiqué.