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Le nouveau ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, veut se démarquer de Bruno Retailleau

Crise diplomatique entre la France et l’Algérie, «mots blessants» pour parler d’immigration… Le nouveau locataire de Beauvau souhaite «une rupture» avec son prédécesseur au moins sur la forme. Il ajourne une possible remise en cause de l’accord franco-algérien de 1968, voulue son prédécesseur.

Laurent Nuñez et Bruno Retailleau à Paris le 18 septembre 2025. (Ludovic Marin/AFP)
Publié le 19/10/2025 à 16h23

Le nouveau ministre de l’Intérieur veut rompre avec les manières de faire de son prédécesseur. Laurent Nuñez a revendiqué dimanche 19 octobre «une rupture dans la forme» avec l’ancien ministre Les Républicains Bruno Retailleau. Invité de l’émission Questions politiques sur France Inter, l’ancien préfet de police de Paris a fait savoir qu’il n’aura «pas de mots blessants» et «ne vise pas à diviser la société».

Au cœur du désaccord, le vocable employé par l’ancien ministre de l’Intérieur dans le débat sur l’immigration : «Il y a des mots que je n’utiliserai pas, a insisté Nuñez. Quand vous convoquez le débat sur l’assimilation… Je ne le ferai jamais. L’assimilation, c’est certes un mot qui existe dans le code civil, mais vous renvoyez forcément ça au débat “intégration versus assimilation”. Moi, je crois à l’intégration. On s’intègre parce qu’on respecte les règles des valeurs républicaines.»

Cette rupture sémantique ne s’accompagnera pas d’une «rupture sur le fond» a néanmoins prévenu le numéro 2 du gouvernement qui entend «poursuivre la politique qui a été menée par Bruno Retailleau et avant lui par Gérald Darmanin et avant lui par Christophe Castaner». Laurent Nuñez avait d’ailleurs été le secrétaire d’Etat de ce dernier entre octobre 2018 et juillet 2020.

Reprise du dialogue avec l’Algérie

Malgré cette constance revendiquée, le ministre a semblé s’inscrire à rebours de son prédécesseur au moins sur le dossier algérien. Il souhaite reprendre le dialogue «sur les questions de sécurité, d’échanges d’informations». Alors que Bruno Retailleau soutenait une ligne d’intransigeance vis-à-vis d’Alger, du gouvernement a estimé qu’il devait y avoir un «bougé» dans les relations entre les deux pays.

Nuñez affirme en outre qu’une remise en cause de l’accord franco-algérien de 1968, qui confère un statut unique aux ressortissants algériens en France en matière d’emploi, de séjour, de circulation et de protection sociale, n’est pas «à l’ordre du jour». Bruno Retailleau avait fait part à plusieurs reprises de son souhait de le remettre en cause.

Depuis plus d’un an, Paris et Alger sont empêtrés dans une crise diplomatique. La France reproche notamment à l’Algérie de refuser de reprendre ses ressortissants visés par une obligation de quitter le territoire français. «On a 40 % d’Algériens dans les centres de rétention administrative», a précisé le ministre.