Plus de marche arrière possible. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a prévenu lundi au micro de RTL que le périphérique parisien passerait à 50 km/h «au 1er octobre», soit dans quelques semaines seulement. «On y travaille depuis 2018, ce n’est pas un sujet nouveau», a souligné la socialiste.
Son adjoint en charge des mobilités, David Belliard, a tempéré la rapidité de ce changement ce jeudi 12 septembre sur BFMTV : «Le remplacement des panneaux [qui fait foi pour la vitesse réglementaire à respecter] se fera de manière progressive à partir du 1er octobre» sur les 35 kilomètres de l’anneau parisien. Ce changement pourrait prendre «jusqu’à plusieurs semaines», a précisé l’élu écologiste.
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En désaccord avec cette annonce, la région Ile-de-France s’est empressée d’adopter, mercredi, une motion appelant la maire de Paris à «renoncer» à son projet, le tout «au profit de la pose d’enrobés phoniques neufs». La région présidée par Valérie Pécresse (LR) juge ces travaux plus efficaces pour réduire les nuisances sonores, et se dit prête à les financer pour moitié.
«Sur le périphérique dans la journée, la vitesse moyenne est à 36 km/h. Donc ce n’est pas les travailleurs de la journée qu’on va gêner avec cette baisse de la vitesse, ce sont les travailleurs de la nuit, les travailleurs en horaires décalés, les travailleurs les plus modestes, ceux qui n’ont pas le choix et qui doivent prendre la voiture», a également plaidé mercredi Valérie Pécresse devant les élus de la région, réunis pour voter la stratégie d’aménagement du territoire jusqu’en 2040. La région Ile-de-France, qui souhaite «se voir transférer la compétence de gestion du périphérique», soulignant qu’il est «emprunté quotidiennement par plus de 1 million de véhicules, avec 40 % de trajets effectués de banlieue à banlieue et 80 % d’usagers non-parisiens», a condamné une décision «unilatérale, anti-sociale et inefficace» de la maire de Paris.
Tensions
La mairie de Paris avait déjà annoncé fin novembre sa volonté de limiter la vitesse sur le périphérique à 50 km/h après les Jeux olympiques et paralympiques, qui se sont achevés dimanche. Une mesure justifiée sur son site : «Moins de pollution, environnementale et sonore, et plus de sécurité pour les usagers, autant de bonnes raisons de lever le pied ! Aujourd’hui, la vitesse médiane sur le périphérique est de 50 km/h la journée, de 30 à 45 km/h aux heures de pointe et de 60 km/h la nuit.»
Le ministre des Transports en poste à l’époque de l’annonce, Clément Beaune, avait alors affirmé que l’Etat «ne [validerait] pas» cette mesure alors que la ministre de la Transition énergétique de l’époque, Agnès Pannier-Runacher, avait dénoncé une mesure «antisociale» et susceptible selon elle de générer davantage de bouchons et donc d’émissions de CO2. Mais l’adjoint écologiste à la voirie de la capitale, David Belliard, n’avait pas lâché, défendant «une mesure de bien commun qui a un intérêt collectif».
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Les tensions étaient aussi montées avec le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, qui avait émis des réserves concernant cette décision. Et martelé : «Ça ne se fera pas sans moi, parce que le périphérique fait partie des voies sur lesquelles je peux imposer un certain nombre de prescriptions.» La maire de Paris a bien la compétence pour décider de ce changement de vitesse sur l’anneau ceinturant la capitale, comme l’a rappelé David Belliard ce lundi matin sur France Bleu : «Sur la question de la vitesse maximale, la décision appartient à Paris et à la maire de Paris. C’est elle qui par un arrêté municipal peut décider de réduire la vitesse.»
Mais c’est toutefois l’Etat, donc le préfet de police de Paris, qui a la gestion des radars routiers. De quoi rendre inopérant cet abaissement à 50 km/h. Interrogé au sujet de ces désaccords au micro de France Bleu, David Belliard assure néanmoins que «bien sûr, nous préférons le faire avec le préfet de police, et je ne doute pas que nous allons parvenir à trouver les voies d’un accord commun».
Une vitesse réduite à 70 km/h en 2014
En novembre 2023, la mairie de Paris avait annoncé la mise en place de cette baisse de vitesse sur le périph pour septembre 2024. Devait aussi s’ajouter une «voie réservée au covoiturage et aux transports collectifs sur le boulevard périphérique, héritages des Jeux olympiques et paralympiques de 2024», censée être pérennisée après les compétitions. On ignore toutefois où en est cette mesure, qui n’a pas été évoquée par Anne Hidalgo ce lundi matin.
En 2014, la vitesse avait déjà été réduite de 10 km/h, pour passer de 80 km/h à 70 km/h sur l’anneau de 35 km qui ceint la capitale. Depuis, les quelque 550 000 riverains de l’autoroute urbaine ont connu une «réduction des nuisances sonores, notamment la nuit : un peu plus d’un décibel en moins la nuit, et 0,5 décibel le jour», avait fait valoir en janvier David Belliard.
«Si le gain environnemental d’un passage de 130 à 110 km/h est démontré, celui de 90 à 70 est déjà très discutable tant en matière de pollution au NO2 qu’en matière de bruit», avaient quant à eux rétorqué cinq élus parisiens de droite dans une tribune, dans un débat qui anime les politiques de la capitale.
Mise à jour : ce jeudi 12 septembre à 11h25, avec les déclarations de Valérie Pécresse ; à 14h39, avec celles de David Belliard.