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Le billet de Thomas Legrand

Le progrès, c’était mieux avant ?

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Un livre récemment paru retrace l’histoire de cette notion, promesse d’avancées techniques et morales, mais dont il faut aussi remettre en question les impensés et les limites.
Buste de Jean Jaurès, dans la salle des Quatre-Colonnes, à l'Assemblée nationale. (Nicolas Messyasz/Hans Lucas)
publié le 27 avril 2025 à 19h42

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Les progressistes, était-ce mieux avant ? Confession du billettiste politique : quand j’utilise les vocables «camp du progrès», ou «progressistes» pour ne pas répéter «la gauche», j’ai toujours une hésitation et une forme d’insatisfaction, conscient de l’imprécision de ces termes.

Dans son livre récemment paru, tout simplement intitulé Progrès (collection Anamosa), Wolf Feuerhahn, historien et directeur de recherche au CNRS, tente de faire le tour de ce concept protéiforme quand il est utilisé en politique. Il faut dire que la notion a pris un petit coup dans l’aile depuis que LE progrès, qui pendant au moins deux siècles a permis à l’humanité de vivre mieux, plus longtemps et en meilleure santé, de créer une immensité de richesse et de repousser les limites de la science mais aussi de la liberté comme jamais auparavant, peut désormais nous conduire à notre perte. Dans un monde fini, le progrès, même social et tel qu’on l’envisage encore, c’est-à-dire avec toujours plus de possibilité de consommer, ne pourra plus repousser les limites. Il s’y cognera.

«Progrès», avant le XVIIIe siècle, était un mot politiquement neutre. Il désignait un mouvement vers l’avant : «c’est un mot de savants qui portent un diagnostic sur leurs propres activités et c