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Le billet de Thomas Legrand

Le projet de Bolloré, c’est aussi la fin du journalisme au «JDD»

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Le parachutage de Geoffroy Lejeune à la tête du «Journal du dimanche» par le milliardaire breton est le signe de la mainmise croissante de l’extrême droite sur le champ médiatique. Mais elle témoigne aussi d’une polarisation délibérée : le «clash-system» coûte moins cher que le journalisme et il ne pose pas de questions utiles à la société.
Devant l'immeuble Lagardère News, lors d'une mobilisation de soutien aux journalistes d'Europe 1, à Paris, en juin 2021. (Marc Chaumeil/Libération)
publié le 27 juin 2023 à 18h02

L’extrême droitisation du débat public ne passe pas simplement par une radicalisation des titres de droite déjà existants. Elle passe désormais par la prise de contrôle de plus en plus voyante d’organes de presse généraliste grand public, qui prenaient soin, avant que Vincent Bolloré ne s’en empare, d’apparaître comme plus ou moins neutres, afin de faire vivre le débat démocratique et de garder une large audience. Après iTélé, devenue la chaîne que l’on sait sous le nom de CNews, et Europe 1, qui n’a plus grand-chose à voir avec la grande station de la rue François-Ier, voilà le tour du Journal du dimanche, que le milliardaire réactionnaire a décidé de confier à l’ancien directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, contre l’avis quasi unanime de l’équipe de l’hebdomadaire dominical.

Sécurité, immigration, identité

La logique commerciale, comme dans tous commerces, engendrait jusqu’à récemment une relative neutralité des médias, ou un engagement ouvert, de bon aloi, exprimé avec pondération. C’est une autre logique que développe le patron de Vivendi, devenu aussi celui de Lagardère, la maison mère d’Hachette et