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Olivier Faure assure que le PS ne participera «en aucun cas à un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite»

A l’issue de sa rencontre avec Emmanuel Macron ce vendredi 6 décembre, le premier secrétaire du Parti socialiste a réclamé la nomination d’un «Premier ministre de gauche» et affirmé que le chef de l’Etat n’avait posé «aucun préalable», pas même une prise de distance de sa formation avec la France insoumise
Le patron du PS, Olivier Faure, et le patron des députés PS, Boris Vallaud, à l'Assemblée nationale, le 2 décembre. (Sarah Meyssonnier/Reuters)
publié le 6 décembre 2024 à 10h50

Le pas est là. Mais il faudra beaucoup plus qu’une heure et demie d’entrevue avec le président de la République pour revoir des socialistes dans des ministères. Et «en aucun cas [dans] un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite», a juré le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, devant les journalistes postés à une rue de l’Elysée ce midi. Selon le député de Seine-et-Marne, le chef de l’Etat n’a posé «aucun préalable» sur «aucun sujet» à leurs discussions. Et surtout pas, selon lui, que le PS rompe son alliance avec la France insoumise dans le cadre du Nouveau Front populaire. «Nous étions venus demander au président de la République un Premier ministre de gauche, une méthode nouvelle, celle du compromis, a ajouté Faure, flanqué des deux présidents de groupes parlementaires, Boris Vallaud (Assemblée nationale) et Patrick Kanner (Sénat). Et nous nous en sommes tenus à cela.»

Les socialistes sont les seuls membres du Nouveau Front populaire à avoir été invité ce vendredi au lendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron. Ce qui a eu le don d’agacer Jean-Luc Mélenchon. «LFI n’a donné aucun mandat à Olivier Faure, ni pour aller seul à cette rencontre, ni pour négocier un accord et faire des «concessions réciproques» à Macron et LR. Rien de ce qu’il dit ou fait n’est en notre nom ou en celui du NFP», a-t-il tweeté dans un message posté… pendant que les roses étaient dans les salons présidentiels. «Je ne reçois jamais de mandat de Jean-Luc Mélenchon, a riposté Faure devant la presse. Il n’y a aucune trahison sur ce que nous avons porté. Nous continuons à le porter», a-t-il ajouté, défendant la mise en œuvre d’une «politique de gauche.» Invité de France Info un peu plus tôt dans la matinée, Faure avait évoqué «un gel» de la réforme des retraites - et non plus une abrogation immédiate comme défendu durant la campagne législative - pour organiser d’abord «une conférence de financement» permettant une future abrogation.

Un «contrat à durée déterminée» ?

Selon le socialiste, le chef de l’Etat s’est s’engagé à «appeler dès aujourd’hui» les Ecologistes, le Parti communiste et La France Insoumise. Peu de temps avant son entrevue avec le président, le patron des socialistes s’était étonné du fait que les autres forces politiques de gauche n’aient pas été conviées à l’Elysée.

C’est la première fois depuis la dissolution de juin dernier, que le Parti socialiste ouvre la porte à une participation à un gouvernement qui ne serait pas issu des composantes du Nouveau Front populaire. Invité de France Info plus tôt dans la matinée, Olivier Faure s’était dit prêt à discuter avec les macronistes et la droite sur la base «de concessions réciproques» en vue de la formation d’un nouveau gouvernement qui aurait un «contrat à durée déterminée».

Le député de Seine-et-Marne, bâtisseur des deux unions de la gauche aux dernières législatives, a ouvert la porte à faire «des compromis sur tous les sujets», y compris les retraites, et souhaite qu’Emmanuel Macron désigne «un préfigurateur» qui organiserait cette négociation entre forces politiques avant de nommer un Premier ministre. «Je suis prêt à venir discuter de tous les sujets et voir ce qu’il est possible de faire sur une durée limitée», a affirmé le dirigeant, qui a reconnu avoir déjà pris langue avec «des membres du bloc central».

«Des concessions réciproques», y compris sur les retraites

«Il faut bien qu’on trouve une solution parce qu’on ne peut pas mettre le pays à l’arrêt pendant des mois», a-t-il plaidé, face à ce qui ressemble à un changement de pied par rapport à la situation préfigurant la nomination de Michel Barnier en septembre. De fait, il n’est plus question d’union des gauches dans cette démarche, Olivier Faure admettant que cette négociation ne concernerait pas l’ensemble des forces du Nouveau Front populaire puisque «les insoumis se sont auto-exclus de cette discussion».

La négociation s’ouvrirait également à LR, dans l’esprit du socialiste, qui prévient : «Laurent Wauquiez peut venir autour de la table mais ce que je veux, c’est des concessions réciproques.» «Sur tous les sujets, nous sommes obligés à compromis parce que nous n’avons pas la majorité absolue», a-t-il plaidé. Et d’illustrer : «Quand je veux 100 et que j’obtiens 50, ça s’appelle faire un pas. J’aimerais par exemple qu’on rétablisse un ISF qui rapporte plutôt quinze milliards que trois, mais on verra», a-t-il dit. «Je suis prêt à entrer en discussion. Ça ne veut pas dire que je suis prêt à dire que je suis devenu macroniste», a-t-il insisté.

Une précaution qui n’a pas été vraiment entendue côté LFI, avec qui le responsable socialiste est de toute façon en désaccord sur la stratégie à tenir, les insoumis se concentrant sur les appels à la démission d’Emmanuel Macron. Invitée de BFM TV, leur cheffe de file au Parlement européen, Manon Aubry, a jugé que le rapprochement était «une trahison du Nouveau Front populaire». Le député LFI Paul Vannier a, lui, accusé Faure d’avoir «tué le NFP pour discuter avec Attal et Retailleau».