La question avait même traversé une partie de la macronie. Fallait-il, ou pas, reconduire les deux vice-présidents du Rassemblement national au Palais Bourbon ? «Oui» avaient répondu certains. «Voter pour eux en 2022 était une erreur» face à leur «stratégie de légitimation», reconnaissaient d’autres, dont président de la Commission de Lois Sacha Houlié. Mais les interrogations n’ont finalement pas été suivies d’effet. En ouverture de la session ordinaire pour les années 2023 et 2024, la présidente Yaël Braun-Pivet a proclamé ce lundi 2 octobre la reconduction de la composition actuelle du bureau de l’Assemblée nationale. Et donc le maintien des deux élus d’extrême droite Sébastien Chenu et Hélène Laporte.
Outre les deux du RN, les quatre autres vice-présidents restent aussi en poste : Valérie Rabault (PS), Naïma Moutchou (Horizons), Elodie Jacquier-Laforge (MoDem) et Caroline Fiat (LFI). Les trois questeurs Marie Guévenoux et Eric Woerth (Renaissance) et Eric Ciotti (LR), ont aussi été reconduits, de même que les douze secrétaires du bureau.
Analyse
Malgré l’embarras autour des deux vice-présidences obtenues l’an dernier par le parti l’extrême droite - avec l’appui de voix du camp présidentiel -, les patrons des groupes politiques avaient convenu mardi dernier de ne pas remettre en cause la répartition des postes clés à l’Assemblée nationale, face aux risques d’un chamboule-tout hasardeux. La reconduction est généralement une formalité, mais la demande d’un seul groupe aurait suffi à provoquer un nouveau vote. Les écologistes envisageaient de passer à l’action, estimant que «ce parti n’a pas sa place dans l’une des plus hautes instances de notre République».
Aucun groupe n’a cependant présenté cette requête. «Je suis un peu dépitée», a soufflé la présidente des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, expliquant avoir renoncé à provoquer un nouveau scrutin car, selon elle, les votes du camp présidentiel en faveur du RN «auraient été reconduits». D’autant que même au sein de la coalition Nupes, les partenaires des écologistes étaient réticents à déclencher une nouvelle élection. Certains redoutaient la possible remise en cause par ricochet d’autres postes, comme celui du président LFI de la commission des Finances Eric Coquerel.
Borne et Braun-Pivet pour la stabilité
Mardi dernier, devant les députés de la majorité, Elisabeth Borne avait prôné la stabilité : «Si tout nous sépare des extrêmes», LFI et RN selon elle, «ils représentent à eux deux un tiers de nos députés, donc on ne peut pas les exclure de nos consultations, de nos institutions». «Pour autant, nous continuerons à ne pas chercher des accords avec eux» sur les textes de loi, avait insisté la Première ministre.
La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet plaidait elle aussi pour le statu quo, jugeant notamment que le bureau actuel «respecte notre règlement» en représentant «les différentes sensibilités politiques». Un avis manifestement pas partagé par l’ensemble de la macronie, à l’image des deux émojis «perplexes» publiés sur Twitter (renommé X) en réaction à la proclamation du bureau par le député Renaissance du Bash-Rhin, Charles Sitzenstuhl.