Sa prise de parole était attendue et elle se veut rassurante. Dans un communiqué publié lundi 11 août, le maire de Villeneuve-de-Marc, violemment agressé par un administré mercredi dernier, a fait savoir par la plume de son avocat qu’il tenait «à rassurer ses proches et les administrés de la commune sur son état de santé qui s’est amélioré». Malgré cette bonne nouvelle, Gilles Dussault, qui avait été placé en urgence absolue après l’agression, précise que «le rétablissement sera long notamment s’agissant du choc post-traumatique d’un point de vue psychologique».
Témoignages
L’élu isérois à la tête de sa commune d’environ 1 100 habitants depuis 2014 avait été agressé en pleine journée devant chez lui. Après lui avoir porté plusieurs coups à l’arme blanche, lui transperçant un poumon et un bras, son assaillant était revenu quelques instants après en voiture et avait tenté de le renverser, lui et son fils venu à son secours. Ses blessures lui ont valu une incapacité totale de travail (ITT) de quinze jours.
Le suspect, Malek A., a été placé en détention provisoire et mis en examen dimanche pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique, après avoir admis avoir frappé à l’arme blanche le maire de son village isérois, tout en niant avoir voulu le tuer.
Fuite en «tenue commando» et «vécu persécutif»
Interpellé vendredi, le sexagénaire a déclaré lors de sa garde à vue avoir «pété un plomb» à cause d’un conflit lié à l’effondrement du toit d’un bâtiment municipal sur son abri de jardin en 2022. L’agresseur présumé avait pris la fuite dans les bois, non sans avoir pris la précaution de se mettre en «tenue commando», selon les gendarmes. Repéré par une connaissance, il avait été arrêté sans résistance 36 heures plus tard dans un village voisin.
Selon le procureur de la République de Grenoble, Etienne Manteaux, le suspect fait preuve d’un «vécu persécutif, une tendance à la réinterprétation de ce qu’il vit». Lors de ses auditions, il avait ainsi déclaré que le maire exerçait une «surveillance» sur lui et voulait «racheter» son terrain.
«Monsieur le Maire ne reviendra pas sur les justifications avancées par l’auteur des faits, rien ne pouvant justifier de tenter de tuer le maire de son village et son fils devant son domicile pour de prétendues injustices subies», explique dans le communiqué Me Sébastien Soy, l’avocat de l’élu. Ce dernier ajoute que «toute la famille est rassurée de savoir que l’auteur des faits ait été placé en détention provisoire».
Dans le texte transmis par son conseil, l’édile de 63 ans tient aussi à rassurer ses administrés sur la poursuite de son action à la tête du village : «La période de vacances va permettre à Monsieur le Maire de se reposer pour envisager un retour en mairie dès que possible.» Interrogé par Libération sur les intentions de son client en vue des prochaines élections municipales, l’avocat de Gilles Dussault a précisé que «pour l’instant, [le maire] n’est pas encore à ce degré de réflexion» même si tout laisse à penser que l’élu ne sera candidat à sa succession. A l’occasion de son discours de vœux en janvier dernier, Le Dauphiné Libéré avait rapporté que «le maire [avait] annoncé que l’année 2025 serait la dernière de son mandat».