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Libération
Coup de tonnerre

Première à l’Assemblée nationale, les députés adoptent à une voix près un texte du RN

Le parti d’extrême droite est parvenu à faire voter, à une voix près, un texte dénonçant l’accord franco-algérien de 1968. Une résolution non contraignante mais hautement symbolique.

Marine Le Pen et les députés du RN applaudissent lors de l'examen des textes par la «niche parlementaire» du groupe d'extrême droite, à l'Assemblée nationale, le 30 octobre 2025. (Anne-Christine Poujoulat/AFP)
Publié le 30/10/2025 à 10h41, mis à jour le 30/10/2025 à 11h49

La fin du cordon sanitaire ? La niche du RN s’ouvrait sur un piège pour le centre et la droite : une résolution dénonçant l’accord franco-algérien de 1968. Le texte a été adopté à une voix près (185 voix contre 184) grâce au soutien des Républicains et des députés Horizons, et en dépit des oppositions de la gauche, des macronistes et du gouvernement.

«C’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN», s’est aussitôt félicitée la cheffe des députés d’extrême droite Marine Le Pen, soulignant qu’il s’agissait du premier texte de son parti approuvé par l’Assemblée nationale. Des cadors du centre et de la droite s’étaient déjà exprimés favorablement sur la dénonciation de l’accord. Ils étaient face à un dilemme : soutenir l’extrême droite ou se dédire.

Maître de l’ordre du jour dans l’hémicycle jusqu’à minuit, le RN a décidé d’entamer les débats dès 9 heures par le débat sur ces accords, dont Marine Le Pen et ses troupes exigeaient l’abrogation via une proposition de résolution. Un texte non contraignant mais à la portée hautement symbolique, la revendication étant partagée par d’autres groupes.

Ainsi, Les Républicains se disaient «opposés à la convention de 1968», qui offre aux Algériens des clauses spécifiques en matière d’immigration et de séjour en France. Ces accords leur permettent notamment de bénéficier de «la liberté d’établissement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante», ou d’accéder «plus rapidement que les ressortissants d’autres Etats à la délivrance d’un titre de séjour valable dix ans», précise le ministère de l’Intérieur.

De plus, le patron des députés Renaissance Gabriel Attal et l’ancien Premier ministre Edouard Philippe (Horizons) s’étaient eux aussi positionnés contre les accords, a relevé la cheffe des députés RN mercredi. «Face aux provocations incessantes, il faut dénoncer l’accord franco-algérien de 1968», écrivait en janvier Gabriel Attal dans le Figaro, quelques mois avant que son prédécesseur à Matignon ne demande de «mettre un terme» à l’accord. Finalement, le groupe de Gabriel Attal (lui-même absent de l’hémicycle) a voté contre, malgré 3 abstentions, contrairement aux députés Horizons présents qui ont voté pour.

Des pièges pour la gauche

Le député macroniste des Yvelines Charles Rodwell, pourtant auteur d’un récent rapport sévère contre l’accord de 1968, justifiait par avance un refus, au prétexte d’un supposé vide juridique qui risquerait de «provoquer un déferlement migratoire» dans l’Hexagone. Une «analyse totalement erronée» pour Marine Le Pen. Moins réticents, les députés LR avaient déjà prévu de voter la résolution, selon l’entourage de Laurent Wauquiez, leur chef. La configuration devrait être la même pour le deuxième texte présenté par le RN dans le cadre de cette niche parlementaire, une proposition de loi visant à rétablir le délit de séjour irrégulier, idée également «majoritaire au sein de l’Assemblée», selon Marine Le Pen.

Si les délais le permettent, le RN, qui dispose avec ses alliés UDR de 139 voix dans l’hémicycle, tendra également des pièges à la gauche, avec un texte pour «limiter les frais bancaires», inspiré d’une initiative communiste, et un autre pour la «gratuité des parkings d’hôpitaux» réclamée également par LFI. Preuve de l’embarras suscité, l’insoumis Eric Coquerel explique que son groupe, qui a «pour règle de ne jamais voter un texte du RN», pourrait simplement décider cette fois de «ne pas participer au vote».

Mise à jour à 11 h 37 avec la déclaration de Marine Le Pen.