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Le billet de Thomas Legrand

Le gouvernement pirate le «séparatisme»

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Forgé par la loi pour sortir du concept scabreux de «communautarisme», le mot «séparatisme» est à son tour dévoyé par ceux qui dénoncent au sein même du gouvernement un «éco-séparatisme». Si les mots ont un sens, les activistes pour le climat n’ont rien de «séparatistes».
A Sainte-Soline, le 3 novembre, un tag détournant les propos de Gérald Darmanin. (Quentin Vernault/Libération)
publié le 1er décembre 2022 à 8h30

Dans son combat pour l’interdiction de la corrida, le député Aymeric Caron (LFI) a dénoncé «le séparatisme» des défenseurs de cette «tradition» controversée. Preuve que le mot, en passant à gauche, est entré dans le langage courant du débat politique. Le mot séparatisme est à la mode depuis le débat du vote de la loi d’août 2021 «confortant le respect des principes de la République», dite loi séparatisme. Jean-Marie Girier, préfet de la Vienne, a demandé, en septembre à la ville de Poitiers de retirer une partie de la subvention accordée à une association de défense de l’environnement.

L’association en question animait des ateliers qui formaient aux principes de l’action militante pour le climat par la désobéissance civile. Le préfet considérait qu’il y avait là un non-respect manifeste du «contrat d’engagement républicain», que, selon la loi séparatisme, chaque association doit signer. De même, dans une tribune du 5 octobre dans le JDD, Sonia Backès, secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté, parle d’éco-séparatisme s’agissant, là aussi, de la stratégie de désobéissance civile décrite comme «antichambre sournoise d’un authentique séparatisme».

Lors de la présentation de la loi à l’été 2021, le mot séparatisme pouvait avoir son intérêt. Il s’agissait de créer des outils juridiques pour lutter contre des associations islamistes, contre des écoles coraniques clandestines, bref de lutter contre l’influence de l’islam radical. L’avantage du mo