La «crise de régime» n’aura «pas lieu» : Sébastien Lecornu a annoncé mardi devant l’Assemblée nationale la suspension de la réforme des retraites, symbole de la présidence Macron, mais condition exigée par les socialistes pour épargner la censure au gouvernement et repousser ainsi la dissolution. Lors de sa déclaration de politique générale, il a proposé la suspension de la réforme des retraites «jusqu’à l’élection présidentielle» de 2027, qui portera sur la mesure d’âge et la durée de cotisation, comme demandé par le PS, et proposé une conférence sociale sur «les retraites et le travail». «Je proposerai au Parlement dès cet automne que nous suspendions la réforme de 2023 sur les retraites jusqu’à l’élection présidentielle», a affirmé le Premier ministre devant l’Assemblée nationale.
Chez Pol
«Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028», a indiqué le Premier ministre. Selon Sébastien Lecornu, «le coût de la suspension pour notre système de retraite est de 400 millions d’euros en 2026 et de 1,8 milliard d’euros en 2027». Il a affirmé que «cette suspension bénéficiera à terme à 3,5 millions de Français».
La réforme «devra donc être compensée financièrement, y compris par des mesures d’économies» et ne pourra «pas se faire au prix d’un déficit accru», a toutefois prévenu Sébastien Lecornu, qui a souligné sa volonté de préserver «la crédibilité de notre pays» aux yeux des «prêteurs sur les marchés financiers».
«Conférence sur les retraites et le travail»
Pour préparer la suite, après 2027, il a proposé d’organiser «dans les prochaines semaines» une «conférence sur les retraites et le travail en accord avec les partenaires sociaux», qui «aura le temps de se prononcer avant l’élection présidentielle». La conférence devra se poser «la question de l’ensemble de la gestion de notre système de retraite», a-t-il poursuivi. «Certains veulent des systèmes par points, d’autres par capitalisation. D’autres veulent abandonner toute référence d’âge».
Décryptage
«Aux partenaires sociaux de s’emparer ou non de cette responsabilité de gérer le régime», a ajouté Sébastien Lecornu soulignant que cette implication des partenaires sociaux était la règle chez «nos voisins européens».
Si la «conférence» qui pourrait rendre ses premières conclusions «au printemps prochain» est conclusive «le gouvernement transposera l’accord dans la loi et le Parlement décidera», a-t-il promis. «Sinon, il appartiendra aux candidats à l’élection présidentielle de faire leurs propositions».
Cette conférence «devra aborder d’autres sujets cruciaux, comme l’attractivité de certains métiers indispensables, le travail pénible, l’usure au travail et les carrières longues», a-t-il également indiqué. Sébastien Lecornu a rappelé par ailleurs que le projet de budget de la Sécu 2026 comportait une amélioration pour la retraite des femmes.